[Gabon]CNSS : faillite à l’horizon et fuite en avant
Confrontée à une crise résiduelle depuis des décennies, la CNSS, Caisse nationale de sécurité sociale, court désormais un risque de cessation de paiement des pensions retraites. Comme solution, le gouvernement a nommé un administrateur provisoire, après avoir dissout le Conseil d’administration et la direction générale nommée il y a tout juste un an.
Un coup d’épée dans l’eau, devrait-on tenter de dire, tant la dissolution récente du conseil d’administration et de la direction mise en place il y a tout juste un an, confirme ce manque de volonté du gouvernement à franchir le Rubicon pour s’attaquer au fond du problème de la caisse nationale de sécurité sociale. Une solution de pure forme, si elle en est une.
Car le désormais ex-directeur général de la CNSS, Patrick Ossi Okori doit certainement son limogeage aux vérités trop crues qu’il a étalées dernièrement sur les antennes de Gabon 24 quant au mal qui gangrène l’institution depuis des années.
Des avantages inadmissibles
Le diagnostic est sans appel. La CNSS est un grand corps malade. Une maladie qui s’est aggravée au fil des ans, faute de soins appropriés.
Et les facteurs sont nombreux. Une masse salariale de plus de 1,8 milliard FCFA; des primes et autres avantages exagérés. Par exemple, un directeur de recouvrement en missions, a au moins 10 millions FCFA de représentation, en plus de ses frais de mission. Une fois le recouvrement terminé, il peut percevoir jusqu’à 40 millions FCFA des frais de ce recouvrement. Un directeur général avait jusqu’à 30 millions FCFA de ces frais.
Dans ses efforts de restructuration de l’entreprise, Patrick Ossi Okori a réduit tous ses avantages pharaoniques de près de 80 %. Tout comme il a réduit la masse salariale de la CNSS de 1,8 milliard à 1,6 milliard FCFA, soit 234 millions d’économies réalisées par mois.
l’État, mauvais débiteur
À elle seule, la dette de l’État vis-à-vis de la CNSS est évaluée à plus de 60 milliards FCFA. Soit 21 milliards pour la main d’œuvre des collectivités locales et 39,7 milliards dus par les entreprises publiques ayant fait faillite comme Air Gabon, la BGD, etc.
Certaines banques ayant accepté de racheter cette dette, il ne manque que le visa de conformité du gouvernement pour que cette dette soit payée. Visa qui se fait toujours attendre à ce jour. Il y a manifestement une volonté pour le gouvernement de ne pas payer ou de traîner le pas alors que la situation urge. Comme si l’État était devenu un mauvais débiteur.
Fraudes résiduelles
Et comme si cela ne suffisait pas, en interne, la CNSS fait également face à des fraudes résiduelles, avec le paiement de fausses retraites, des problèmes de surfacturation sur ses chantiers d’investissement dont certains sont devenus des éléphants blancs, des emplois népotiques. À cela, s’ajoute la mauvaise volonté des entreprises qui ne sont pas à jour dans le reversement des cotisations de leurs employés.
Or, par année, l’institution a besoin de plus de 100 milliards FCFA pour le paiement des pensions de ses 27 000 retraités. Mais avec des comptes au rouge, la CNSS est contrainte de vivre désormais à crédit auprès des banques.
Plutôt que de répondre à ses problèmes par la mise en œuvre des réformes préconisées par les différentes études actuarielles, le gouvernement a préféré limoger la direction générale et le conseil d’administration en nommant une administration provisoire qui sera elle aussi confrontée aux mêmes problèmes pourtant résiduels.
C’est la fuite en avant.
CNN