[Gabon] Amendes Covid-19 : quand les policiers se remplissent les poches

Décidées le 23 janvier dernier par le gouvernement, les amendes allant de 25 mille à 200 mille FCFA pour sanctionner le non-respect des mesures barrières, notamment le port obligatoire du masque, donnent déjà lieu à des rackets organisés par des policiers à Libreville.
Alors qu’on redoutait déjà qu’un tel régime d’amende donne lieu à des actes de rackets policiers, il n’aura fallu qu’une semaine pour voir ces doutes se transformer en fait. Prépositionnés au feu rouge d’Akebe, un quartier de la capitale gabonaise, un groupe des policiers contrôle, fait curieux, les pièces d’identité des piétons et enjoint de payer, 5 000, 10.000 ou 15.000 à tous ceux qui portent mal leur masque ou ne le portent pas du tout.
Nous en voulons pour exemple une jeune fille gabonaise, sortie tout droit d’un magasin avec des bagages en main et à qui un policier va demander de payer 5 000 sous-prétexte que son masque flotte du nez. Ou encore un vieux ouest-africain qui sera obligé de faire sur-place un retrait airtelmoney de 15.000 pour payer son amende malgré son masque bien porté. Tous ceux qui tentent de bouder sont systématiquement sommés de faire des exercices physiques (pompes) ou menacés d’être emmenés au commissariat pour des amendes plus exorbitantes. Tout cela se passe sous un soleil de plomb le vendredi 29 janvier.
Le péché des amendes exagérées
À ce rythme, il faut craindre que les caisses du trésor public ne reçoivent aucun copec de ces amendes Covid-19, les policiers faisant s’en mettant plein les poches sur la route. Le péché originel de cette situation se trouve dans le coût même de ces amendes. Par ces temps difficiles avec toute la misère charriée par le Coronavirus, difficile de trouver quelqu’un qui soit prêt à payer une amende comprise entre 25.000 et 200.000 FCFA. Conséquence, les contrevenants sont plus enclins à négocier sur place avec les policiers qu’à aller payer au trésor où la quittance leur revient plus chère. Surtout avec les policiers des tropiques dont la mentalité de part en part est déjà façonnée par la corruption. Face à toutes ces dérives nourries par les dépositaires de l’autorité publique, il importe donc au gouvernement de rectifier le tir pour une lutte efficace contre le Coronavirus.
CNN