GABON/CGE : l’opposition mal embarquée ?

Incapable de taire ses querelles intestines et de proposer ses représentants dans le cadre du renouvellement du bureau du centre gabonais des élections, l’opposition s’est vue attribuer d’office des délégués par le ministre de l’Intérieur, Lambert Noël Matha, qui lui avait donné 72 heures pour lui faire parvenir ses deux listes. Ce qui semble donc mal embarqué pour sa représentativité au sein de l’instance électorale.
En dépit des assurances et de la sérénité que s’efforcent d’afficher certains de ses leaders, l’opposition gabonaise commence plutôt mal sur la ligne de départ qu’est la mise en place du Centre gabonais des élections.
À quelque six mois des élections générales qui auront vraisemblablement lieu en août prochain, les mésententes et les accusations mutuelles de diableries entre chapelles au sujet des délégués à envoyer au renouvellement du CGE, achèvent désormais de convaincre d’une crise de confiance au sein d’une opposition morcelée, avec des ambitions diverses. Une guéguerre qui pourrait entamer le projet d’une candidature unique à la présidentielle encore en phase de consultations.
C’est à croire que l’absence jusqu’ici d’une figure tutélaire, comme ce fut le cas en 2016 avec Jean Ping, laisse libre cours à la sédimentation des égos divers. C’est en tout cas le sentiment diffusé par la guerre entre Louis Gaston Mayila de la PG41 et Paulette Missambo de la plateforme “Alternance 2023”.
Une absence qui pourrait se payer cher
Conséquence de cette désunion, le ministre de l’Intérieur, Lambert Noël Matha, pressé par les délais imposés par la Cour constitutionnelle, a nommé d’office, les représentants de l’opposition. Parmi eux, Pierre Claver Magnga Moussavou, Jean Valentin Leyama et Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, tous membres de la plateforme “Alternance 2023”. Ils avaient été nommés comme membres du Comité Ad ’hoc, chargé d’examiner les candidatures au poste de président du CGE.
Dénonçant la démarche de Matha qu’ils qualifient d’arbitraire, ces derniers n’ont pas daigné prendre part à la cérémonie d’installation organisée dimanche 5 février au siège du CGE. Mieux, ils ont annoncé la saisine d’institutions habilitées. “Alternance 2023” fustige le fait que Lambert Noël Matha n’ait nommé les représentants de l’opposition que sur la base de la multitude de listes produites par les différentes formations, ignorant ainsi celle qu’elle a produite après concertation.
Mais en attendant la suite à donner à leur requête, la machine déjà lancée pour le renouvellement du bureau du CGE prévoit l’élection du président pour le vendredi 10 février. C’est dire que l’opposition qui paie là son incapacité à s’entendre risque d’être en marge de la constitution de cette instance chargée d’organiser les élections. Une absence qu’elle pourrait payer cher. Car faute de représentants crédibles au Centre gabonais des élections, elle risque de n’avoir une fois pas de plus que ses yeux pour crier à la fraude, lors de la centralisation et de la compilation des résultats électoraux. C’est donc mal parti pour l’opposition que les chances d’alternance inquiètent déjà.
CNN