Après avoir atteint le pic des contaminations en juin dernier, avec une tendance à la baisse de la maladie, le Gabon redoute désormais une seconde vague de la pandémie. Les derniers indicateurs montrent une hausse progressive qui inquiète déjà les autorités. Lesquelles s’alarment du relâchement général dans le respect des mesures sanitaires. 

Le taux de contaminations jusque-là autour de 2 % est monté à plus de 3 % en l’espace de quelques semaines. Les lits de réanimation sont de plus en plus occupés, même si les proportions sont encore moindres. Le nombre de décès qui avait stagné à 53 s’est établi à 59 en un mois soit 6 décès de plus a annoncé le ministre de la Santé Guy Patrick Obiang au cours de sa récente sortie de presse. 

Autant d’indicateurs qui montrent une flambée progressive du Coronavirus au Gabon qui était pourtant cité parmi les bons exemples du continent africain dans la lutte contre la maladie, du moins sur un plan purement clinique. 

Parmi les facteurs à l’origine de cette remontée progressive du virus, la rentrée des classes avec son corollaire de pénurie de taxis. Surtout à Libreville où on observe depuis quelques semaines, des mouvements des populations qui se froissent, se bousculent pour trouver un taxi, devenu très rare comme c’est toujours le cas en période scolaire. Surtout au moment où la population dans sa globalité, semble avoir oublié la nécessité de respecter les gestes barrières dont le port systématique du masque et la distanciation physique. Des règles désormais foulées au pied à l’idée que le Coronavirus est désormais derrière, certains allant jusqu’à pointer un mensonge d’Etat pour obtenir l’aide financière de l’OMS, l’organisation mondiale de la santé. Dans ce contexte de préjugés et déni nourris, la lutte contre la pandémie est loin d’être finie, surtout au vu de l’inconscience presque généralisée de ces derniers temps. 

La situation est d’autant préoccupante qu’une éventuelle deuxième vague pourrait s’avérer hors de contrôle, au regard des exemples des pays développés. Surtout pour un tissu économique qui a démontré toute sa fragilité dès les premières loges de l’apparition du virus au Gabon. Puisque d’après les prévisions du FMI, le fonds monétaire international, la croissance du Gabon devrait chuter d’un peu plus de 3,8 en 2019 à 0,2 % cette année, en raison de cette pandémie. Voilà qui devrait inciter le gouvernement à plus de rigueur dans l’application des mesures barrières. Et cela passe notamment par la reprise en main de la gratuité de transport pour les sociétés d’État telles que SOGATRA et Trans’urb comme ce fut le cas au plus fort du confinement du Grand Libreville en avril dernier. Une telle mesure permettrait de compenser la forte demande de transport des élèves en cette période scolaire en désengorgeant les taxis dont le nombre de places a déjà été réduit presque de moitié pour favoriser la fameuse distanciation physique. Agir ainsi, c’est éviter la pénurie de taxis à l’origine de la grande confusion à laquelle on assiste tous les matins. Et qui, à coup sûr, risque de relancer la maladie, si l’on n’y prend garde. Car, visiblement, avec cette rentrée scolaire, le Gabon est loin d’être sorti d’affaires. Et la reprise des cours longtemps attendue pourrait constituer l’élément déclencheur de cette deuxième vague tant redoutée, avec des conséquences dont personne ne peut, pour l’heure, imaginer la portée.

CNN