[Gabon] Dialogue D’Angondje : comment le gouvernement torpille l’accord.

Organisé illico presto dans la foulée de la contestation post-électorale qui a suivi la réélection du président Ali Bongo Ondimba en 2016, le dialogue politique qui s’est déroulé de mars à mai 2017, a donné lieu à un accord politique dont la mise en œuvre aurait pu contribuer à pacifier le climat politique, notamment en matière de gouvernance électorale. Seulement, près de quatre ans après ce rendez-vous, le document qui souffre toujours d’un défaut d’application de certains points a connu quelques entailles du gouvernement, lequel de façon unilatérale est revenu sur ces dispositions pourtant convenues par tous les participants.
Le texte prévoyait par exemple la réduction de moitié du nombre des Sénateurs (de 102 à 52). Disposition inscrite dans le marbre de la Constitution adoptée en janvier 2018. Mais elle ne sera jamais appliquée, puisque la nouvelle loi fondamentale adoptée fin 2020 y ajoute 15 Sénateurs supplémentaires directement nommés par décret présidentiel, portant ainsi de 52 à 67, le nombre des membres de la Chambre haute du parlement. ” L’initiative unilatérale en violation flagrante des termes de l’accord politique D’Angondje est à mettre au discrédit du gouvernement.”
Un gouvernement qui, visiblement ne s’arrête pas là dans son entreprise de démolition du document. Car le Comité de suivi de l’application des actes du dialogue créé sur le papier n’a jamais véritablement travaillé faute de budget. Depuis bientôt quatre ans, la structure n’existe que de nom, pas un seul kopeck qui lui permette de faire quoique ce soit.
Malgré les appels de désespoir en direction des autorités, les membres dudit Comité n’ont reçu jusqu’ici pour seule réponse que l’indifférence. Question : comment peut-on alors s’assurer du respect des actes du dialogue dont la structure de veille ne fonctionne pas ? Pire, la plupart des ministres nommés sur la base de cet accord ont tous été remerciés, excepté les quelques rescapés qui ne doivent certainement leur salut qu’à d’autres motivations.
Dialogue dans l’impasse
Les négociations d’Angondje n’auront-ils servi que de stratagème au pouvoir pour apaiser la grogne post-électorale, trop grande à l’époque afin de gagner du temps ?
À l’évidence, mis à part l’augmentation du nombre des députés de 120 à 143 et un mode de scrutin à deux tours pour les élections politiques, seuls termes d’envergures appliqués jusque-là, près de quatre ans après sa signature, l’accord politique n’a connu jusqu’ici qu’un bilan mitigé. Mais au-delà de l’accord d’Angondje, ce sont presque tous les instruments du dialogue politique qui ne marchent pas ou presque au Gabon. L’exemple révélateur de cette léthargie est celle du CND, le Conseil national de la démocratie, cette “coquille vide qui broie du noir”, manquant presque de tout. Quelle impasse !
CNN