[Gabon/Dossier Promotion Immobilière] Habita/Logements sociaux : quel avenir pour le logement social au Gabon?
En 2019, Ali Bongo Ondimba Ondimba voulait faire du logement social le fer de lance de sa politique sociale, avec à la clé la volonté de produire 5 000 logements sociaux/an. Dix ans après, en l’absence d’une politique sectorielle intégrée, des millions de Gabonais vivent encore dans les taudis. Entre les difficultés d’obtenir un crédit, la spéculation foncière, des matériaux de construction au prix onéreux, et la chute avérée du pouvoir d’achat des citoyens, la promotion du logement social est entourée d’un environnement moins propice.
Pour construire 5 000 logements sociaux, on doit pouvoir s’appuyer sur une politique sectorielle cohérente et efficace, qui prenne en compte toutes les variables du secteur. Or, trop de paramètres dans ce secteur demeurent non maîtrisés.
Un système de crédit moins solidaire
On ne peut occulter le fait que la promotion immobilière au Gabon souffre d’un certain nombre d’aléas structurels, parmi lesquels, les difficultés de financement rencontrées par les tiers. En effet, pour un pays comme le Gabon où le déficit culmine à plus de 200 000 unités de logements et dont la volonté du Chef de l’État avait été clairement affichée, on ne peut s’étonner sur le manque de solidarité des banques qui ont continué de pratiquer dans le temps des taux d’intérêts trop élevé mettant hors de course à l’accession de la propriété les populations cibles.
Et pour cause, chez BGFIBank par exemple, le crédit immobilier destiné aux personnes physiques salariées du secteur public ou privé accorde un taux d’intérêts compris entre 9 % et 12,5 %. Ce qui est peu de trop quand on sait qu’il faut également ajouter à ce taux, les frais notariés à hauteur de 250 000 Fcfa. En fait, chez BGFIBank, plus votre durée de remboursement est courte et plus votre taux d’intérêts a la possibilité de se maintenir autour de 9%, et d’atteindre les 12,5 %, quand votre durée de remboursement s’étale dans le temps.
Du côté de l’UGB (l’Union gabonaise de Banque), ce taux d’intérêts est de 13 % auxquels il faut ajouter 1,6 % de frais de dossier soient près de 300 000 FCFA. Ce prêt immobilier chez UGB a une durée de remboursement comprise entre 5 et 15 ans et concerne comme BGFIBank l’acquisition d’un terrain, la construction, l’achèvement, l’extension ou la rénovation d’une habitation.
Le Quid de l’insécurité foncière bloque également l’investissement.
De nombreux Gabonais en quête d’un habitat décent ne peuvent acquérir une parcelle de terre par défaut d’obtenir un titre foncier, un document de l’urbanisme devenu presque rare au Gabon. A contrario, le commun des mortels gabonais considère que les titres fonciers sont devenus l’apanage des expatriés dont plusieurs ont beaucoup investi dans la pierre au cours de ces dernières années. L’opposant gabonais Gérard Ella Nguéma qui se revendique désormais du centre, indique lors d’une conférence de presse qu’un originaire Malien détiendrait près de 10 000 ha avec titre foncier dans la commune de Ntoum. Cette déclaration à prendre avec réserve, témoigne néanmoins d’une réalité: il y aujourd’hui une spéculation foncière dans le pays qui profite d’abord aux étrangers argentés. De facto, celle-ci élimine de la course à l’accession, les Gabonais dont la majorité écrasante est empêtrée dans des difficultés financières à la suite de la baisse du pouvoir d’achat imputable à la crise.
Le Renchérissement des matériaux de construction.
Vous l’avez compris, le Gabon est un pays particulier, comment comprendre qu’on veuille promouvoir le logement social, par auto-construction soit-il, sans avoir pu établir une mercuriale au rabais des matériaux de construction ? Là, restera la grande question. Car pendant bien longtemps, dans ce pays, le ciment produit au Gabon coûtait 6000 FCFA le sac, alors que celui importé de Chine se vendait entre 5 000 et 5 500 FCFA le sac. Et que dire du contre-plaqué produit au Gabon qui coûtait 4 500 FCFA pour le 4 mm, quand le contre-plaqué de même spécificité importé du Cameroun coûtait 3 800 FCFA. La tendance est identique pour le fer de 8 cm de diamètre importé du Cameroun qui coûte seulement 3 200 FCFA, quand celui produit au Gabon de même dimension coûte 3 800 FCFA, soit un différentiel de 600 FCFA.
À noter que cette situation du marché des matériaux de construction, même si elle n’est plus la même en raison de certaines mesures restrictives prises dans un passé récent, il n’en demeure pas moins qu’elle a découragé pendant longtemps plus d’un.
Faut-il croire à la relance actuelle portée par la société SNI/SNLS ?
Sur instructions des plus hautes, autorités du pays, la politique du logement social veut se rebiffer avec les initiatives conduites par la société SNI/SNLS, bras armé de l’État dans la promotion immobilière, laquelle vient d’abord de renouer avec la confiance en restaurant les droits des acquéreurs autrefois lésés dans le cadre de ses projets dont les travaux avaient été brusquement arrêtés.
Les décisions actuelles sont louables et confortent à l’espoir. c’est le cas de celle qui concerne le remboursement des acquéreurs ayant poursuivi les travaux en fonds propres à Bikélé à hauteur de la valeur immobilière réelle de chaque bien. D’un autre côté, la relance des constructions restées en demeure et la viabilisation d’un foncier de 60 ha qui sera subdivisé en parcelles destinées à la vente, sont autant de faits marquants qui redonnent confiance à la promotion du logement social telle que portée par la SNI/SNLS, une société qui vient de conclure un partenariat stratégique avec le génie militaire dans tous les domaines de la construction. Objectif : faire face à la limitation des finances publiques et garder un rythme de production soutenu pour juguler sur le déficit en logements sociaux que l’on chiffre à 200 000 unités de logements. La quête d’un logement social à moindre coût serait aussi dans le viseur du management représenté par Hermann Kamonomono afin d’ouvrir le logement social au plus grand nombre des Gabonais tel que souhaiter par le Chef de l’État Ali Bongo Ondimba.
Par Alain Michel Mbinah