Annoncée vendredi soir par le ministère de la Défense nationale, la fermeture des frontières terrestres du Gabon pour lutter contre le Coronavirus, peine à convaincre l’opinion. Surtout quand on sait que l’essentiel des cas enregistrés depuis l’irruption de la maladie sont importés par avions. 

Plus que l’étonnement, c’est l’incompréhension qui règne à Libreville et surtout dans les localités frontalières du Gabon. La question que nombre des gabonais se posent est bien  celle de savoir pourquoi fermer les frontières terrestres sous prétexte de lutter contre la pandémie de Coronavirus quand celles aériennes et maritimes restent ouvertes ? Comment fermer les frontières terrestres quand l’essentiel des cas de contaminations enregistrés jusque-là sont ceux des personnes arrivées en avion ? Le gouvernement a-t-il manqué de discernement dans cette prise de décision aux impacts significatifs? 

Sans réponses plausibles à ces interrogations, certains vont jusqu’à avancer des motivations sous-jacentes de cette mesure qui, à terme va encore générer une augmentation des prix sur certains produits alimentaires, essentiellement importés du Cameroun ou du Congo voisins, le Gabon étant le parent pauvre agricole. 

Décidément, dépassé par la tournure des événements dans sa lutte contre le Coronavirus, le gouvernement gabonais semble naviguer à vue, avec des mesurettes aveugles et au demeurant inefficaces. Puisque les données sanitaires indiquent que l’importation des cas de la maladie est plutôt favorisée par des vols en provenance des pays occidentaux, la France en premier lieu, que par le trafic avec les pays voisins. De fait, on se doute déjà de l’efficacité d’une telle décision dans la lutte contre la pandémie, alors que le pays fait face à une seconde vague, surtout dans un contexte marqué par la crainte des variants Anglais et sud-africain, dont-on sait qu’ils n’entreront pas au Gabon par voie terrestre, mais par vol d’avion. C’est dire que les autorités se trompent de cible dans cette lutte contre une pandémie dont le corollaire affecte, outre le sanitaire, la société dans son ensemble. Sauf à croire que les motivations sont effectivement ailleurs. 

CNN