[Gabon] Gouvernement Nkoghe Bekale : que retenir d’une année d’instabilité ?
Un an, cinq remaniements, avec le va-et-vient interrompu des ministres limogés puis rappelés. Des ministères crées puis supprimés. En moins d’un an, le gouvernement de Julien Nkoghe Bekale aura battu le record de la valse des ministres dont certains n’auront eu tout juste que le temps de prendre les fonctions avant d’être débarqués.
Entre le 12 janvier et le 28 décembre 2019, le gouvernement Julien Nkoghe Bekalé a connu, en moins d’un an, deux déclarations de politique générale et cinq remaniements. Des remaniements pour l’essentiel marqué par un jeu de chaises musicales avec le rappel d’anciens ministres pourtant débarqués pour absence de résultats.
C’est le cas notamment de Mathias Otounga Ossibadjouo, d’Ernest Mpouo Epigat, Pascal Ouagni Ambourouet, Lambert Noël Matha, Carmen Ndaot, Rigobert Ikambouayat Ndeka, la liste est longue.
Parmi les limogés figurent Ali Akbar Onanga Y’Obegue, également exclu du parti démocratique gabonais (PDG), Guy Maixent Mamiaka, Guy Bertrand Mapangou, David Mbadinga, etc. Une autre catégorie des ministres, ceux n’ayant passé que quelques semaines au gouvernement, sans même avoir eu le temps de connaître leurs dossiers. Rigobert Ikambouayat Ndeka, Nina Abouna, Bruce Laccruche Alihanga, Justin Ndoundangoye, notamment avec son poste supplémentaire de Travaux publics, là aussi la liste est loin d’être close.
Toute cette valse des ministres qui se sont succédé en l’espace de quelques semaines a fini par porter un coup d’arrêt ou encore un ralentissement certain dans le suivi des feuilles route mises à la disposition des différents départements ministériels. Tout cela avec un malaise certain dans l’administration, quoique les responsables, comme à leur habitude aient toujours prétexté le principe de la continuité de l’administration malgré les hommes qui passent.
Un principe difficilement efficace du moment qu’un ministre (surtout ceux nommés par des affinités diverses) doit disposer d’une marge de temps nécessaire pour mieux s’imprégner de l’esprit des dossiers attribués à son administration. Or, avec cette suite des remaniements, soit un réaménagement tous les deux mois, il est difficile d’avancer que les ministres limogés ou mutés l’ont été sur la base d’absence des résultats. Même dans des pays avancés, il est quasiment impossible d’évaluer l’action d’un ministre en à peine un ou deux mois ou en quelques semaines. À moins de parler d’une erreur de casting. Et si erreur de casting, il y aurait eu, à qui serait-elle imputable ? Au président de la République qui donne mission au Premier ministre de former un gouvernement ? Ou au Premier ministre qui propose des noms au président ?
Dans tous les cas, un an de réaménagement, de formation et de réformation du gouvernement, cette gymnastique a fini par porter un coup dur au programme gouvernemental, dont on n’aura pas vu une réalisation visible des nombreux dossiers pourtant annoncés lors de la première déclaration de politique générale en février dernier. Quitte à espérer que l’année qui vient soit différente.
CNN