[Gabon] La baie des Rois : symbole du gâchis ?

Projet d’aménagement du littoral avec la construction sur la façade maritime d’un espace ultramoderne, “La Marina” devenue par la suite “La baie des Rois”, un des projet les plus ambitieux d’Ali Bongo, le président gabonais a été abandonnée. Comme pour tant d’autres projets grandeur nature, qui sombrent dans l’oubli de la démesure ratée, aucune explication n’a été apportée à ces maquettes dont la réalisation aurait contribué à donner un nouveau visage à Libreville.
Lancé en fanfare en 2013, le projet de construction de la Marina entre l’hôpital Jeanne Ebori et le port Môle sur le front de mer à Libreville n’est plus que l’ombre de lui-même. Seules les maquettes grandeur nature qui tombent en désuétude devant le regard désintéressé des passants témoignent encore de l’échec d’un projet raté. D’après ces maquettes, l’aménagement de cet espace devait comprendre la construction des appartements, des bureaux, des aires de jeu, des centres commerciaux pour ne citer que ceux-là.
Après un début tonitruant des travaux, le projet baptisé “La marina” au départ a connu un arrêt brutal resté jusque-là inexpliqué. Même un redémarrage des travaux sous la nouvelle appellation de “La Baie des Rois” n’a pas résisté au triste sort “d’éléphants blancs qui ornent partout le pays”.
Et les dunes et autres montagnes de sable aujourd’hui gagnées par la végétation, les blocs de pierres, de bétons, les morceaux de tuyaux et la barrière de tôles rouillées qui obstruent désormais la vue autrefois large et agréable qu’offrait le bord de mer à cet endroit, sont l’exemple amer de la démesure par laquelle s’illustrent les différents gouvernements qui se sont succédé jusqu’ici, avec des projets budgétivores, mais sans lendemain.
Sans lendemain comme les budgets colossaux, les commissions et rétro-commissions dont on ne saura peut-être jamais les montants réels en raison de l’omerta ambiante qui couvre l’attribution des marchés publics au Gabon, malgré quelques efforts apparents de transparence. Et “tout le monde ou presque ayant les mains trempées dans le cambouis”, difficile d’espérer une moindre reddition des comptes tant clamée au sommet de l’Etat. Sauf peut-être quand la “logique des ambitions politiques fait rage, c’est là que la justice, avec célérité se met à l’ouvrage contre les prétendus détourneurs d’argent public”. Et croire qu’ils sont jusqu’ici les seuls voleurs de l’État, le doute en tout cas demeure au regard de l’ampleur d’un phénomène qui n’a que trop duré.
CNN