[Gabon] Le CLR, de père en fille : quel avenir démocratique ?
Selon les conclusions du Congrès extraordinaire du Centre des Libéraux Réformateurs (CLR) de Jean Boniface Asselé, le 14 septembre dernier à Libreville, c’est désormais sa fille, Nicole Asselé qui prend la direction du parti au poste de déléguée générale. Quant à son père, il devient président du conseil politique.
La succession bien que parentale a été entérinée par le paravent d’un Congrès extraordinaire, tenu mi-septembre dernière. Car unique candidate à ce poste, au nom des arrangements, Nicole Asselé n’aura pas eu la moindre sueur pour être élue nouvelle patronne du CLR, bien qu’elle soit toujours sous la coupole du père, qui préfère présider désormais un nouvel organe, le conseil politique. Une sorte de tutelle garante du respect règlements et statuts, une instance d’arbitrages en quelque sorte.
Fini désormais la guerre de famille, lorsqu’il y a tout juste quelques mois, Nicole Asselé, encore directrice générale de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), intérêt oblige, a fait une descente en trombe dans les locaux de la radio télévision de son père, Génération Nouvelle, confisquant le matériel de diffusion de la chaine. L’objectif était d’empêcher un père trop bavard de continuer à déverser sa bille parce qu’en marge de la gestion de l’état de santé de son neveu de président, Ali Bongo Ondimba.
Bien que l’affaire ait suscité l’émoi dans l’opinion qui s’est offusquée de voir une fille agir de la sorte au nom des ambitions personnels, Nicole Asselé n’a pas daigné s’en émouvoir outre-mesure. Normal, quand on est assis à la mangeoire, on ne voit plus comme tout le monde.
Aujourd’hui licenciée de son poste, n’ayant plus de tribune pour se faire entendre, la fille Asselé a finalement pris le parti de revenir au père qui lui, dispose quand même d’un parti. Mais un parti exsangue où les démissions s’échaient en cascade, avec à la clé la débâcle aux récentes élections locales et législatives, autant dire que l’avenir politique de notre-dame là-bas n’augure rien de prometteur.
Car le CLR, comme la plupart des autres partis de la majorité présidentielle, est dans un déclin amorcé depuis le terme des élections qui viennent de s’achever, la donne ayant changé, lorsqu’au sortir de l’accord politique d’Angondje, le pouvoir a décidé de mettre au banc, tous les alliés qui avaient pris part au dialogue politique en 2017, au profit de ceux qui, pourtant, au plus fort de la contestation post-présidentielle, avaient publiquement refusé de prendre part à cette « mascarade » au risque de donner leur caution à une « victoire usurpée ».
Décidément, au-delà du Centre des Libéraux Réformateurs, la tendance des partis familiaux est bien connue chez nous. Car tous les partis politiques, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, n’ont de successeurs que des parents, qui très souvent ne paient aucune cotisation. Et ce ne sont pas les Maganga Moussavou ou les Ndaot qui diront certainement le contraire. Devant ce scénario de parentalité politique, c’est finalement la démocratie qui se trouve prise en tenaille entre d’un côté, le désir de promotion clanique et de l’autre, la normalité politique. Quel gâchis.
CNN