Question récurrente, alors que plusieurs jeunes émergents volontaires qui occupaient jusque-là de hautes fonctions dans les administrations publiques et parapubliques, croupissent depuis plusieurs semaines à la prison centrale de Libreville pour entrer autres, “détournement de fonds publics”, “blanchiment des capitaux en bande organisée”. 

Avec à leur tête, l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba, Bruce Laccruche Alihanga, ils sont nombreux, ces jeunes distingués, qui remplissent les cellules de la plus grande prison du pays à Libreville. Anciens ministres, directeurs généraux, maire, tous accusés d’avoir mis le pays à carreau par un pillage massif des caisses de l’État, puisqu’on parle des dizaines de milliards de FCFA volés dans un pays paralysé depuis cinq ans par une récession économique interminable.

Tout cela sur fond des réformes budgétaires frisant une austérité quelque peu adoucie par une argumentation officielle qui repose sur la nécessité de stabiliser les dépenses publiques. Ces jeunes jusqu’ici privilégiés au nom des affinités qui éclatent aujourd’hui au grand jour avec ces arrestations à grande échelle, ont-ils finalement été éblouis par l’argent démérité au point d’oublier qu’ils étaient l’espoir de demain.

 Le pouvoir qui avait prétendu qu’on ne faisait pas du neuf avec du vieux, en s’entourant largement des jeunes coptés çà et là dans sa politique de promotion de la femme et de la jeunesse, a-t-il finalement eu tord d’écarter la plupart des anciens cadors du régime d’Omar Bongo ? À cette question, les anciens compagnons du défunt président comme son dernier Premier ministre, Jean Eyeghe Ndong reconnaissent qu’en leur temps, quel qu’avait été le niveau de responsabilité, ils ne volaient pas avec autant de folie. Certains avancent même qu’en à peine deux ans, les jeunes auront volé plus que les anciens en 41 ans du pouvoir d’Omar Bongo. 

Ces aveux publics d’un ancien Premier ministre ont fini par convaincre que le Gabon est un de ces pays où le détournement d’argent public a toujours prospéré jusqu’ici allègrement au vu et au su de tous, sans que personne ne trouve mot à dire par défaut d’exemplarité. 

Mais au-delà, avec cette fameuse “Opération Scorpion”, justifiée ou instrumentalisée, selon les avis, c’est désormais une tache indélébile qui s’est posée sur le CV d’une jeunesse qui, visiblement vient de montrer ses limites en à peine deux années de responsabilités. Sauf à espérer qu’ils seront blanchis par la justice comme cela a été le cas avec l’opération Mamba, dont on ne parle presque plus. Mais malgré tout, le doute est désormais là. 

CNN