[Gabon] Orpaillage illicite : illustration d’un secteur à l’abandon

L’arrestation récemment de plus de soixante orpailleurs clandestins dans les alentours des parcs nationaux de Minkebe et de l’Ivindo, dans le nord du pays, remet au goût du jour, l’exploitation illégale de l’or dans un Gabon pourtant en quête d’argent du fait de la crise économique. Matière prisée sur le marché international, l’or gabonais avec ces devises échappent au trésor public, malgré les vaines tentatives de reprise en main par le gouvernement d’un « secteur abandonné ».
La persistance du trafic illégal de l’or est la conséquence d’un secteur qui n’intéresse que très peu ou pas du tout, le ministère de l’Économie qui ne table ses prévisions généralement que sur le pétrole, le bois et le manganèse. Trois matières qui, à elles seules structurent l’essentiel du budget de l’État gabonais.
Avec parfois moins d’une tonne de production déclarée par an, l’or ne compte que pour une part très marginale dans le PIB (produit intérieur brut), contre près de quatre tonnes sorties illicitement chaque année du sous-sol, d’après les estimations en 2018 de l’ancien ministre, Christian Magnagna. Lequel avait en son temps, pris la décision d’interdire jusqu’à nouvel ordre, toute activité d’extraction d’or, le temps d’en « maîtriser les circuits empruntés par ce minerai dont les recettes malheureusement échappent encore cruellement à l’économie du pays ».
Et c’est dans cette volonté de reprendre en main la production de cette matière que le gouvernement va organiser un séminaire sur l’or, afin qu’il participe à la stratégie de diversification de l’économie.
La peau dure des vieilles habitudes
Mais en dépit de tous ces efforts apparents, l’or gabonais continue d’alimenter la convoitise de nombreux expatriés qui arrivent clandestinement par grappes dans ces localités à proximité des parcs nationaux, surtout dans le nord du pays. Le plus souvent avec la complicité de certains cadres administratifs locaux qui bénéficient des facilités d’obtention complaisante des permis dans l’exploitation forestière. Mais cette exploitation forestière, parfois, n’est qu’un prétexte qui donne droit, une fois sur le terrain à d’autres activités illicites non mentionnées par le permis.
Face à l’ampleur du phénomène et toutes les ramifications qui le sous-tendent, la simple attestation des expatriés qui travaillent parfois avec certains nationaux, apparaît comme une mesure dérisoire pour maîtriser le trafic d’or. Une matière jusqu’ici pour laquelle le gouvernement lui-même ne dispose d’aucune évaluation des réserves et des sites.
En un mot, les autorités qui veulent désormais constituer des réserves stratégiques de l’or pour les opérations financières, du pays n’ont pas encore la mainmise sur un secteur qu’ils prétendent désormais valoriser après l’avoir presqu’oublié au profit du pétrole, du bois et du manganèse.
CNN