[Gabon] PDG : René Ndemezo, un retour en désespoir de cause ?

Après avoir claqué la porte du Parti démocratique gabonais (au pouvoir) dans la fièvre de la présidentielle de 2016, l’ancien ministre d’Omar Bongo est revenu dans les rangs du PDG samedi dernier, toute honte repoussée pour ce retour un peu en désespoir de cause. La cérémonie de ce retour de l’enfant prodige s’est déroulée dans un hôtel luxueux de la capitale Libreville, expressément apprêté par le Parti qui a tenu à marquer pareil événement d’un grand coup médiatique.
Certains parlent du retour d’un enfant prodige. Donc un retour de raison pour le natif de Bitam (dans le Nord du Gabon) qui, après avoir “erré sans suite” d’abord dans l’opposition radicale, ensuite modérée, a décidé de regagner les rangs d’un Parti qu’il avait pourtant quitté au plus fort de la valse des démissions qui ont secoué le PDG en pleine fièvre électorale pour la présidentielle de 2016.
Dans la foulée, comme bien d’autres cadres de l’époque, René Ndemezo’o Obiang n’avait pas résisté à la tentation d’aller rejoindre l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, qui en peu de temps, avait réussi à s’imposer comme le candidat de l’opposition à même de battre Ali Bongo Ondimba.
Ndemezo’o en était tellement convaincu qu’il était même devenu le directeur de campagne de Ping.
Mais une fois le vote fini, avec ses doutes et ses incertitudes sur le résultat final, celui qui fut plusieurs fois ministre sous Omar Bongo Ondimba n’a pas hésité à créer la surprise, en appelant ses camarades de l’opposition à s’en tenir au verdict de la Cour constitutionnelle qui venait de proclamer Ali Bongo Ondimba vainqueur du scrutin.
Pour joindre l’acte à la parole, il n’hésite pas à prendre part au dialogue politique post-électoral appelé par le gagnant, sous le label d’une nouvelle chapelle politique, Démocratie Nouvelle qu’il vient de créer pour marquer sa rupture définitive avec Jean Ping.
Auréolé du “coup de sa trahison”, il sera crédité de trois postes politiques : deux ministres, alors que lui-même s’en sort avec la présidence du Conseil Économique, Social et Environnemental.
Crédibilité tronquée
Alors qu’il se susurre depuis quelques jours que le poste de Vice-président de la république, arraché en 2019 à Pierre-Claver Maganga Moussavou, emporté par le “complot du Kevazingo”, pourrait lui être attribué, Ndemezo’o Obiang quitte donc l’opposition pour se remettre en scelle dans le PDG. A-t-il reçu comme clause de conditionnalité, une allégeance préalable au Parti au pouvoir ? Y est-il revenu par résignation au regard de la désintégration actuelle de l’opposition qui semble tourner en rond ?
Dans tous les cas, quelles que soient les critiques et les railleries, pour l’homme désormais abonné au “vagabondage”, la politique sous nos tropiques est une affaire, non pas nécessairement d’idéologies ou de conviction. Mais un moyen pour assurer ses lendemains. Et qu’importe donc le discrédit, René Ndemezo’o Obiang a fait son choix. Pas forcément de raison. Car à son âge, il n’a que “foutre” du “déshonneur”. Ainsi va l’opposition au Gabon.
CNN