[Gabon] Politique : Barro Chambrier dresse un bilan calamiteux des 10 ans d’ABO.
Dans une conférence de presse qui s’est voulue kilométrique, le Président du Rassemblement Pour la Patrie et la Modernité ( RPM) était face à la presse nationale et internationale ce jeudi 24 octobre 2019. Au menu, le bilan des 10 ans de pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, qu’il comptabilise avec plusieurs insuffisances multifactorielles. Il a parlé d’un bilan calamiteux et catastrophique, qui oblige l’opposition gabonaise à plus de cohésion.
Alexandre Barro Chambier a réagi ce jour à la faveur d’une conférence de presse pour faire son propre bilan, des dix ans de pouvoir d’Ali Bongo Ondimba. Il a été conforté à cet exercice par la campagne d’affichage à coût de millions, que la majorité entretien depuis un certain temps sur les panneaux d’affichage urbains.
Pour Barro Chambrier, cette campagne au besoin de le dire, est tout simplement démagogique, car elle n’aborde pas les choses avec exactitude. L’occasion pour ce dernier, en bon économiste et donc personne avertis sur les questions de développement, de commencer son dynastique :
premièrement, il évoque la gestion scabreuse des ressources humaines dans le pays, qui ne retient plus le mérite comme principal indicateur pour la promotion des cadres. Barro Chambrier pense même que de nombreux talents sont mis de côté parce qu’ils ne sont pas en phase avec le “fanatisme ambiant des néo profito-situationnistes.” Puis il balance « en réalité ce bilan est indubitablement un échec patent dans tous les domaines et tout observateur, un temps soi peu sérieux, est en mesure de le reconnaître. L’État, à court de liquidités, est acculé à multiplier les montages financiers hasardeux, hypothéquant ainsi les ressources pétrolières et sans contrôle à la Gabon Oil Compagny ».
Pour le leader du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité, le bilan économique des dix ans de pouvoir d’Ali Bongo Ondimba est par conséquent loin des progrès annoncés. Barro Chambrier pense même qu’au regard des moyens colossaux dont à disposer le régime en raison des cours pétroliers, très favorables et le recours à un endettement massif depuis 2015, cela aurait permis de forcer un destin radieux du pays.
Mais au contraire, pour ce dernier, le pays connaît une grave crise qui l’oblige à vivre sous perfusion du Fonds monétaire International (FMI). Pas même le développement actuel des actifs dans le secteur du bois, aurait fait dévier Barro Chambrier de son analyse chirurgicale de l’économie nationale. En réalité, ce qui est présenté dans ce secteur du bois comme un motif de satisfaction en terme diversification, n’est que trop de paroles pour rien. Puis qu’il affirme qu’à l’époque déjà, le Gabon avait un bon classement en matière de transformation de bois via la CFG de Port-gentil.
Pour le chef de file du parti RPM, le point encourageant des dix ans de pouvoir d’Ali Bongo Ondimba pourrait venir uniquement de la zone économique spéciale de N’kok. Mais il relativise tout de même, en indiquant que c’est une zone qui a mobilisé d’importantes ressources. Donc, il n’y a pas trop de quoi en être fier.
Quid de l’Agriculture ?
Barro Chambrier répond : « Les réformes annoncées n’ont produit aucun résultat significatif et notre pays continue d’importer la plus grande partie des produits alimentaires qu’il consomme (…). Il convient de souligner également la précarité des emplois dans ce secteur où l’on utilise le plus fréquemment du personnel sous-payé, avec des faibles niveaux de qualification .»
Tout ceci n’est finalement rien, car Barro Chambrier a reconnu que le véritable talon d’Achille de ce régime est bien entendu la mauvaise gouvernance et la corruption qui a atteint selon lui tous les sommets au point de voir le pays être classé Doing Business de la Banque Mondiale pour 2019 au rang de 169e pays sur 190 dans le monde. Du reste, le leader du RPM a fait un plaidoyer pour les prisonniers politiques en demandant leur libération, tout en indiquant que son premier chantier en cas de plébiscite de sa personne en 2023, serait de ramener un équilibre des pouvoirs.
Alain Michel Mbinah