[Gabon] Politique/RPM/RHM : la guerre suicidaire de l’opposition

Conséquence de l’entrée au gouvernement de Michel Menga M’essone en 2018, la bataille de légitimité entre deux tendances d’un même parti à la base : le Rassemblement pour la patrie et la modernité, et le Rassemblement Héritage, et modernité, connaissent depuis quelques jours, un point de non-retour. Point de non-retour fixé par Michel Menga, qui au nom de la légalité, agite désormais l’éventail alimentaire des élus du parti de départ, RHM. Mais la stratégie in fine pourrait s’avérer fatale pour les deux camps.
Rien, absolument rien ne présageait la ruine aussi rapide que connaît aujourd’hui le Rassemblement Héritage et modernité, lorsqu’en mars 2016, dans le feu de la présidentielle, un groupe des députés transfuges du PDG décidait de créer ce parti d’opposition radicale. Deux ans seulement auront suffi au RHM de connaître le sort inexorable de l’éclatement des partis politiques au Gabon. Et la modernité politique voulue par les tenanciers semble désormais illusoire puisque dès fin 2018, l’héritage part en fumée avec l’émergence de deux tendances rivales : d’un côté, le RPM, Rassemblement pour la patrie et la modernité d’Alexandre Barro Chambrier, qui rejette tout compromis avec le pouvoir et place, et de l’autre, le RHM, Rassemblement Héritage et modernité de Michelle Menga, qui adopte une position conciliante. L’origine de cette scission est sans doute l’entrée au gouvernement feu Issoze-Ngondet de Michel Menga quelques mois plutôt. Une entrée vécue comme un sacrilège pour les autres camarades de ce parti dont le dogme fondamental de départ était de s’opposer farouchement au pouvoir en place.
La manœuvre mortifère de Menga
Seulement, dans cette bataille des “héritiers“, Menga qui a bien fait de conserver l’appellation et les insignes du parti originel en profite et s’en sert comme une arme fatale pour tenir en bride, tous les quatre députés et autres élus locaux sous la bannière du RHM. Il menace même de saisir les tribunaux s’il le faut pour faire venir dans son giron tous les récalcitrants. Car il sait la loi de son côté dans une telle procédure. Pari décidément réussi puisque certains, à l’exemple du député du 1er siège de la commune de Mouila, Serge Maurice Mabiala, présenté comme une des éminences grises du parti l’ont déjà rejoint, laissant sur le carreau, Barro Chambrier. Une prise de taille qui devrait conforter davantage sa position. La politique sous les tropiques n’échappe pas aux sirènes du ventre. Sauf que cette position du ministre de la Culture, aussi dominante qu’elle puisse paraître, n’est pas la garantie des lendemains politiques meilleurs. Car une fois le mandat d’élus victimes de ce chantage expiré, une fois la fonction ministérielle retirée, les militants d’aujourd’hui pourraient vite déchanter et aller voir ailleurs. Il n’y aurait alors ni gagnant ni vainqueur entre Menga et Chambrier. Et les conséquences pourraient être fatales pour l’opposition dans le cadre de la présidentielle de 2023.
CNN