[Gabon] Racket : la corruption sanctuarisée des hommes en treillis.

Le gouvernement gabonais est engagé depuis peu dans une vaste croisade anti-corruption et enrichissement illicite dans l’administration publique. Pourtant, en même temps, le racket des policiers et gendarmes sur la route, lui semble sanctuarisé. Puisque malgré les discours et les mises en garde des autorités, la pratique, vieille comme le monde, continue de pousser allègrement au vu et au su de tous.
Des barrages à n’en plus finir, des contrôles presque tous les cinq cents mètres sur un même trajet, et parfois pour le même corps, à Libreville la capitale comme dans les autres grandes villes du Gabon, la situation est devenue si intenable pour les conducteurs de taxis et autres clandos, qu’ils ont observé, le 14 décembre dernier, une pause dite de protestation. Une sorte de mouvement d’humeur pour exprimer leur ras-le-bol contre les hommes en treillis qui leur prennent l’essentiel de leur recette journalière à travers des contrôles jugés parfois abusifs. Puisqu’ils sont sifflés en longueur de journée. Pour des motifs parfois banals, ils doivent payer 1000 ou 2000 FCFA aux agents qui, à la fin de la journée, se retrouvent pour compter et se rétribuer leur recette extorquée.
Une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, il y a quelques mois avait choqué l’opinion, sans que des mesures coercitives n’aient pas été prises contre des policiers en uniforme qui se partageaient fièrement la recette du racket des taximen à l’abri des regards. Une pratique indigne des agents pourtant dépositaires de l’autorité publique. Surtout dans un contexte de lutte contre le Coronavirus qui a contraint les conducteurs de taxis à limiter de moitié le nombre de leurs places à bord. Une mesure qui, logiquement, impacte négativement leur recette.
Mais ça, visiblement les policiers n’ont que foutre, ce qui leur importe étant de faire entrer dans leurs poches avides, leurs petits billets glissés en sous-main par des conducteurs qu’ils sifflent. Non pas pour vérifier nécessairement les pièces à contrôler, mais simplement pour entraîner le conducteur à l’arrière de son véhicule où ce dernier paie “la douane“. Une “douane” à laquelle aucun conducteur interpellé ne peut échapper, car avec ou sans papiers à jour, l’amende en sous-main est obligatoire quand le sifflet a retenti.
Sauf qu’en signe revanchard, ces chauffeurs de taxis sont obligés de faire monter les enchères sur les trajets en faisant payer cher les clients, qui au finish, restent les seules victimes de cette chaîne d’escroquerie à ciel ouvert.
À croire que la pratique semble s’institutionnaliser au nez et à la barde des autorités, c’est le comble du scandale dans un pays qui se dit pourtant en croisade contre la corruption des agents publics. Sauf peut-être des besoins de slogans sans lendemain.
CNN