[Gabon] Remaniement gouvernemental : une valse de trop ? 

Avec le nouveau réaménagement intervenu la semaine dernière, cela porte au total à 4 fois, le nombre des remaniements et autres limogeages dans le gouvernement de Julien Nkoghe Bekale, depuis sa nomination le 12 janvier dernier. Une valse des ministres qui, dans les détails, risque de s’avérer préjudiciable pour une administration de plus en plus instable depuis 11 mois.  

 

Des ministres nommés avant d’être débarqués en à peine un ou deux mois seulement de fonctions, sans qu’ils n’aient eu le temps de connaître le fonctionnement de leurs administrations ou de maîtriser le moindre dossier. En tout juste 11 mois, le gouvernement de Julien Nkoghe Bekale a montré tous signes de friction entre le limogeage des uns et le rappel des caciques autrefois remerciés. 

Autant dire qu’il s’agit d’une équipe qui, près d’un an après, semble encore à la recherche de ses marques, peut-être parce que ne parvenant toujours pas jusqu’ici à identifier le bon grain de l’ivraie. Et malgré le pouvoir discrétionnaire du chef du gouvernement et du président de la république “qui nomment”, dans l’opinion, ces jeux de chaises musicales, ces va-et-vient, ces limogeages, ces créations, récréations et fusions des ministères, traduisent au fond une certaine fébrilité, mais surtout une lutte d’influences dans l’ombre qui finissent par déteindre sur le bon fonctionnement de l’administration publique, notamment dans le suivi des dossiers brûlants. 

Car entre le temps d’installation d’un ministre, la connaissance, du moins en partie de son administration et la mise en œuvre de la feuille de route de son département, il faut un temps raisonnable d’imprégnation. L’ancien ministre de l’Énergie, Patrick Eyogho Edzang, lui, évalue ce temps à une durée d’au moins deux ans, selon les ministères. 

Surtout qu’il est connu de tous que les nominations dans notre pays, généralement, ne sont dictées que par des critères de copinage et autres amitiés parfois sans expérience professionnelle reconnue. Entre le temps d’adaptation de ce beau monde, c’est-à-dire d’un ministre et ses collaborateurs, et son limogeage, généralement un ou deux mois après, on en est encore qu’aux prises de contact et aux états des lieux. Surtout qu’il est aussi une coutume au Gabon qui voudrait que lorsqu’un ministre est limogé, tous ses collaborateurs derrière soient le plus souvent la première cible de son successeur, dont le premier reflex est de nettoyer toute l’écurie au profit des frères du village, et autres copains, lesquels, parfois ne disposent, eux aussi  d’aucune expérience en quoi que ce soit.

Or, avec cette valse de ministres, tenant compte de tous ces paramètres, on se retrouve de facto dans une logique d’éternel recommencement, avec conséquences nécessairement dans le traitement de dossiers et le suivi des chantiers. Sinon en quoi le limogeage de Justin Ndoundangoye par exemple était-il si opportun au moment où il s’apprêtait à lancer la société de transport urbain, Trans Urb à Libreville ? En quoi son départ était-il si nécessaire, alors qu’il était sur le point de lancer les travaux de la Transgabonaise, cette route, longue de plus de 700 km qui devrait desservir cinq provinces sur les neuf que compte le pays, de Libreville au nord-ouest à Franceville au sud-est du pays ? 

Peut-on en tout en honnêteté évaluer l’action d’un ministre en à peine un ou deux mois de fonctions ? Où s’agit-il simplement d’erreurs de casting qu’on juge nécessaire après de corriger tout de suite ? Et si erreur il y a, à qui devrait-elle incomber ? Quatre remaniements en à peine 11 mois, n’est-ce pas trop pour un gouvernement voulant atteindre les résultats de performance ? Ou bien la performance commande t-elle obligatoirement un changement à tout vent des ministres tous les mois?   

 

CNN 

 

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