[Gabon] Révision constitutionnelle : vers un pouvoir à vie du PDG ?

 [Gabon] Révision constitutionnelle : vers un pouvoir à vie du PDG ?
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Approuvé en Conseil des ministres le 18 décembre dernier, le projet d’amendement constitutionnel est déjà largement décrié comme une volonté pour le pouvoir et ses affidés de verrouiller complètement la démocratie, du moins ce qu’il en reste encore. Et pour cause, le texte qui concerne plus d’une dizaine d’articles se laisse à lire de fait comme une “confiscation manifeste du pouvoir” par le parti démocratique gabonais qui tient les rennes du pays depuis plus d’un demi-siècle. 

Les superlatifs et les épithètes péjoratives ne manquent pas pour tourner en dérision, le projet de révision de la constitution présenté la semaine dernière par le gouvernement.Institution de la monarchie”, “dérives dictatoriales”, “volonté de confisquer le pouvoir”, “un projet funeste pour la démocratie”, etc. Avant même son passage devant le Parlement, le texte consacré à la gestion de la vacance du pouvoir, la nomination d’une partie des sénateurs par le président de la République, ou encore à l’immunité à vie du Chef de l’État, même après cessation de ses fonctions, fait déjà couler beaucoup d’encre à Libreville. 

S’il est adopté par le Parlement, en cas d’empêchement définitif du président de la République, la vacance du pouvoir ne sera plus assurée par le seul président du sénat comme c’est le cas actuellement. Les sénateurs étant élus au suffrage universel indirect, la présidence de la République, par la voix de son porte-parole, Jessy Ekogha, estime que ce dernier n’a pas la légitimité nécessaire pour remplacer à lui seul le Chef de l’État. C’est pour cela qu’il sera désormais ajouté deux autres personnalités, le président de l’Assemblée nationale qui lui est élu au suffrage universel direct et le ministre de la Défense pour protéger le pays en cas de tentative de déstabilisation.

Les signes de panique?

Quoique le pouvoir semble défendre “l’indéfendable”, le morceau, manifestement , est tellement gros qu’il serait impossible de le faire avaler par des tournures d’explications sophistiquées. Le projet, pour certains, est trop funeste pour la démocratie. Car en faisant nommer par exemple, des sénateurs, censés être des élus locaux par le président de la République, on porte ainsi un coup de grâce à une démocratie qui n’a cessé de “descendre aux enfers” depuis plusieurs années déjà. 

Pire, en faisant également entrer le ministre de la Défense dans le triumvirat devant assurer l’intérim présidentiel, beaucoup craignent que le président Ali Bongo Ondimba déjà affaibli par les stigmates de son accident vasculaire cérébral, puisse nommer à ce poste, le moment venu, son fils qui serait alors le vrai maître du jeu au milieu des présidents des deux chambres du parlement qui ne seraient en réalité que de “simples figurants”. Comble ” d’ignominie politique”, avec les nouvelles dispositions qui vont désormais proroger le mandat des députés à l’Assemblée nationale, il y a risque que le pouvoir, craignant de perdre la majorité au palais Omar Bongo, refuse délibérément d’organiser les élections pour se cacher derrière la disposition de prorogation du mandat des élus nationaux consacrée par la prochaine nouvelle loi fondamentale. 

Toute cette agrégation d’ingéniosités cache mal le “projet de confiscation et de monarchisation” d’une démocratie en déclin et dont le coup fatal sera bientôt porté par le vote de cette révision constitutionnelle à l’Assemblée nationale. Avec ce projet, le Gabon s’achemine tout droit et inexorablement vers une “démocrature organisée”.

CNN

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