[Gabon] UOB/Destruction du “Bunker” : quel raccourci !

De la parole à l’acte, il n’y a souvent qu’un pas que Julien Nkoghe Bekale  vient de franchir en mettant à exécution, son projet de destruction de la fameuse bibliothèque devenue un éléphant blanc au sein de l’université Omar Bongo. Une bibliothèque dont la construction maintes fois entamée et abandonnée l’a transformée en tristement célèbre « Bunker », plaque tournante de toutes les pratiques avilissantes au sein de cet établissement dit temple du savoir.

Le choc est encore lancinant à la vue des images d’un édifice qui tombe en gravats, sous les coups de pelles des engins mobilisés pour sa démolition.  Comme la destruction est facile, et la construction laborieuse. 

A défaut de terminer un bâtiment maintes fois construit et abandonné, le premier ministre a choisi un raccourci, la démolition d’un édifice devenu embarrassant pour l’image de l’institution pourtant considérée comme la première université du pays, le tristement célèbre « Bunker », plaque tournante de tous les vices, puisque là dedans, le chanvre, la prostitution, le braquage, la liste des vices est loin d’être close. Tout y passait. Même les reptiles s’y invitaient parfois, surtout avec toute la broussaille exubérante qui y pousse allègrement.

Maintes fois entamé puis abandonné depuis plusieurs décennies, le bâtiment de construction d’une bibliothèque dernière génération et adaptée à l’évolution des disciplines enseignées à l’université, n’est plus désormais qu’un vieux souvenir. 

Et plus que du gâchis, c’est la matérialisation même du cynisme choquant du gouvernement. Un gouvernement qui, faute de construire des infrastructures modernes pour un enseignement universitaire de qualité, et adapté à la compétitivité intellectuelle faisant rage à l’échelle planétaire, choisit de détourner l’attention par la destruction d’un projet aussi ambitieux et qui aura englouti des sommes considérables d’argent du contribuable, qui parfois peine lui-même à joindre les deux bouts. 

Quid de la reddition de comptes ?

Comme pour de nombreux projets avant lui, ici aussi, les millions ou milliards investis dans cet éléphant blanc, n’ont ou presque pas de chance d’être élucidés, puisqu’il n’y a dans l’esprit du gouvernement que la simple ritournelle de la destruction d’un lieu jugé contraire à l’éthique universitaire.

Et cela, sans que Nkoghe Bekalé  lui-même, qui dit être « le pur produit de l’UOB » n’ait songé à se demander, en toute honnêteté, comment ce projet, vieux de plusieurs années a été plusieurs fois abandonné puis repris avant de virer définitivement en éléphant blanc. 

Quelle en était l’entreprise chargée de l’exécution des travaux ? Combien de millions ou de milliards, avait-on mobilisé pour cette construction jamais achevée ? Les travaux exécutés jusqu’ici, “factures à l’appui“, si factures il y a, correspondent-ils réellement aux montants décaissés ou encaissés ? Quel en était le responsable chargé de la supervision des travaux jamais achevés ?

Toutes ces interrogations, évidemment, ne peuvent raisonner à la lisière de la conscience du gouvernement, qui préfère s’attaquer au mal plutôt qu’à sa racine. Car choisir de détruire sans états d’âme, un bâtiment qui a englouti des sommes considérables dont on ignore jusqu’ici le montant exact, au regard de l’omerta entretenue, c’est comme choisir volontairement de brouiller les pistes des responsabilités qui auraient dues être établies. Normal pour une université vendue au diable depuis des décennies.

Une autre question  aujourd’hui reste encore en suspend, celle de savoir si les fléaux plus hauts décriés vont trouver une solution idoine quand on sait qu’en dehors du bunker incriminé ici en raison de l’inachèvement des travaux, il y’a les pavillons qui eux aussi sont devenus des éléphants blanc depuis quelques années, au point d’abriter tout autres espèce d’individus étranger à l’environnement du savoir. Va-t-on aussi les démolir l’un après l’autre avec cette nouvelle méthode ou stratégie de lutte contre le grand banditisme en milieu universitaire? « Si jamais un moustique atterrit sur ta partie génitale, ne t’avise jamais de le tuer à laide d’un bâton…», me disait souvent mon papi. Bref!

Et dire que de cette démolition naîtra une nouvelle gouvernance universitaire pour des établissements jusqu’ici laissés en rade, avec tous leurs problèmes du monde, le doute en tout cas persiste. 

CNN 

 

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