[Gabon] Vacance du pouvoir : les verrous avant l’heure du sérail 

 [Gabon] Vacance du pouvoir : les verrous avant l’heure du sérail 
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Ce qui n’était jusque-là qu’une “vue de l’esprit” l’opposition semble devenir désormais l’inquiétude du pouvoir. En décidant de baliser le chemin de la vacance du pouvoir, le gouvernement prend les devants face à la probabilité d’un tel scénario. Surtout au regard de l’état de santé du président gabonais Ali Bongo  Ondimba, diminué depuis deux ans par un accident vasculaire cérébral.  

Même si le gouvernement s’efforce de faire bonne figure, la décision de réviser la loi fondamentale à l’aune de la vacance du pouvoir, cacherait une certaine inquiétude d’un régime qui ne semble pas lâcher du lest. Et c’est certainement l’une des mesures phare du Conseil des ministres du vendredi 18 décembre. Car le projet de révision constitutionnelle est déjà présenté par le gouvernement comme une nécessité pour épargner le pays d’une interruption de l’appareil de l’État en cas d’indisponibilité temporaire ou définitive du président de la République. Si elle est adoptée, va modifier la gestion de la vacance du pouvoir qui serait désormais assurée par un triumvirat composé des présidents des deux chambres du parlement et du ministre de la Défense nationale.

Situation absolument inédite dans la tradition d’un régime même présidentiel dans la sous-région, qui tranche radicalement avec la pratique jusque-là admise. Car conformément à la Constitution encore en vigueur, seul le président du Sénat est habilité à diriger le pays en cas d’empêchement définitif du président de la République. 

La peur de perdre ? 

En décidant de changer cette disposition constitutionnelle, le gouvernement chercherait ingénieusement à se mettre à l’abri d’un scénario qui pourrait lui coûter le pouvoir. Surtout au regard de l’état de santé du président Ali Bongo  Ondimba, qui depuis 2018, serait affaibli par les séquelles d’un accident vasculaire cérébral qui l’avait atteint en Arabie Saoudite. Encore que les explications avancées vendredi soir par le communiqué final du Conseil des ministres ne font nullement mention de la nature de la gestion de cette vacance. Quelle sera la durée de cet intérim ? Le collègue des trois chargés de l’assurer aura-t-il les attributs du Chef de l’État ?  

Vers un régime policier ?

Jusqu’ici, c’est encore le flou, le seul objectif pour le détail étant de se maintenir et de garder le pouvoir aussi longtemps qu’il le pourra. Et pour cela, tous les coups sont permis, y compris même ceux jugés contraires à l’esprit démocratique comme le maintien d’une Assemblée nationale dont le mandat aura expiré au cas où le pays n’aurait pas organisé de nouvelles élections.

Pire, en décidant de punir à des lourdes peines, tous ceux qui pourraient s’attaquer aux institutions comme le Parlement et la Cour constitutionnelle, le pouvoir semble vouloir déjà marquer les esprits pour éteindre toute velléité contestataire contre ces institutions régulièrement mises en cause par l’opposition pour leur partialité. 
Bref, si le régime semble déjà préparer  l’après Ali, cet après ne s’annonce t-il pas visiblement plus que comme un pouvoir policier ?

CNN

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