[Gabon]Baccalauréat 2020 : les 800 candidats radiés observent une grève de la faim.
Radiés des effectifs des candidats devant prendre part au baccalauréat 2020, pour inscriptions frauduleuses à Libreville, quelque 800 élèves des établissements confondus, qui ne comprennent pas le couperet de cette décision à quelques jours seulement de l’examen, ont décidé d’observer une grève de la faim, certains dormant à même le sol, à la belle étoile. Leur démarche, amener l’administration de l’éducation nationale à reconsidérer cette mesure tardive.
Pourquoi avoir attendu jusqu’à moins de deux semaines de l’examen pour décider de radier des candidats soupçonnés d’avoir été inscrits à partir des bulletins faussement trafiqués avec la complicité de certains chefs d’établissements ? Pourquoi avoir attendu que les candidats présumés fraudeurs aient passé des journées et des nuits entières dans les révisions des cours, des méthodologies et autres règles parfois complexes pour venir les radier au dernier moment ? Si l’objectif est d’en finir avec la corruption et le flou qui règne autour du baccalauréat, et même de la plupart des examens et concours, dont on sait parfois comment ils se déroulent au Gabon, pourquoi ne l’avoir pas annoncé dès l’amorce même de l’année ?
Voilà autant de questions que ne cessent de se poser parents et élèves depuis que le ministre de l’Éducation nationale, Patrick Mouguiama Daouda a décidé de retirer de la liste des candidats au Bac, plus de 800 noms pour fraude massive. La situation est d’autant urgente que certains candidats lésés par la mesure ont entamé une grève de la faim, dormant à même le sol et à la belle étoile. Leur objectif est d’en appeler à la compréhension de la tutelle pour espérer au moins un sursis dans l’application de cette décision de dernière minute.
Car si le ministre Patrick Mouguiama Daouda est réputé pour être un réformateur engagé du système éducatif dans lequel il est plus que déterminé à faire régner l’ordre, son mode de décisions souffre souvent d’un problème de communication préalable. On se souviendra encore de sa réforme du calcul de la moyenne du baccalauréat en 2019. Une réforme qui avait provoqué un tollé de la part des élèves, car elle prévoyait que la moyenne à l’examen prenne désormais en compte 70 % des notes du Bac et 30 % de celles obtenues lors des contrôles en classe.
Des réformes somme toute pertinentes, puisque l’objectif est de relever la renommée de l’école gabonaise dont tout le monde ou presque s’accorde à reconnaître qu’elle a largement perdu en qualité. Sauf que le déficit de communication accompagnant ces mesures comme c’est souvent le cas au Gabon, les laisse sujettes à diverses interprétations, les rendant ainsi impopulaires. Au fond, Mougiama semble ignorer que les vieilles habitudes ayant la peau dure, leur changement n’a pas besoin des mesures brusques et inopportunes, mais plutôt d’un exercice de sensibilisation et de communication, afin de faciliter leur adoption. Il y va de la cohésion du pays, surtout en ces temps de crises conjuguées.
CNN