[Gabon]Coronavirus : l’impossible confinement des Africains
Avec un peu plus de trois mille contaminations et près de cent morts, l’Afrique reste globalement le continent le moins touché par la pandémie du Coronavirus, loin derrière l’Europe, l’Amérique et l’Asie. Pourtant, si le continent noir affiche jusqu’ici un faible taux de contaminations et de décès, la progression de la maladie, s’accentue avec une vitesse qui laisse présager le pire. Les plus alarmistes prédisent même le chaos au regard, disent-ils, de la fragilité de ses systèmes de santé.
Devant cette réalité crue, et affolés par la vaticination de ce malheur fatal, de nombreux gouvernements sur le continent ont adopté des mesures presque similaires : fermeture de bars, des restaurants, interdiction d’attroupements d’une dizaine de personnes, couvre-feu, comme si le virus ne circulait que la nuit pour se reposer une fois le jour levé. Au nombre de ces mesures quasi-identiques, la fermeture des frontières qui intervient un peu comme un médecin après la mort, puisque ces frontières auraient dû être fermées en amont pour éviter l’importation du virus.
Qu’à cela ne tienne, il s’agit là néanmoins des mesures qui limitent la propagation du virus. Seulement, malgré l’adoption de ces mesures dites préventives, l’épidémie ne recule pas. Au contraire, le nombre des cas de contamination augmente chaque jour. À ce jour, l’Afrique australe reste la région du continent la plus touchée avec près d’un millier de cas en Afrique du Sud, suivie du Maghreb qui compte, lui aussi près d’un millier de contamination avec plus de cinq cents cas dans la seule Egypte. Vient ensuite l’Afrique de l’Ouest avec des pays comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso où cinq ministres ont déjà été contaminés après le décès il y a quelques jours de la deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale. En Afrique centrale, avec plus de 60 cas déclarés, c’est la République démocratique du Congo la première place des pays les plus touché, devant le Cameroun et le Congo Brazzaville. L’Afrique de l’Est reste pour l’heure la région la moins touchée du continent.
Le confinement
Face à cette progression inquiétante du Coronavirus et devant l’inefficacité des mesures barrières comme la distanciation sociale, l’unique solution la plus opérante, est sans doute le confinement qui a fait ses preuves en Chine, l’épicentre de la maladie. Pour l’avoir compris, les pays de l’Europe qui paie aujourd’hui le lourd tribut de cette pandémie s’essaient eux aussi à cette méthode de confinement.
Seulement, si le confinement semble marcher ailleurs, en Afrique, il peine à passer. Pourquoi, mais parce que les Africains vivent des réalités endogènes qui ne sont pas forcément celles des autres peuples. Dans certains pays en Europe par exemple, certains chômeurs demandeurs d’emploi bénéficient d’une allocation chômage avec un système de protection sociale et une politique d’emploi favorable au plus grand nombre. Or, en Afrique, la proportion de la population au chômage est de loin, plus élevée que celle de la population active. D’où le chômage de masse et la profusion des activités informelles, mais qui permettent à des millions de personnes de survivre au quotidien. Dans ce cas, imposer un confinement par suivisme à l’aveuglette sans mesures compensatoires signifierait synonyme de suicide pour ces populations. Pour l’avoir quelque peu compris, les pays comme la république démocratique du Congo, la Mauritanie et le Niger, ont décreté la gratuité des factures d’eau et d’électricité pour une durée de 2 mois, afin de permettre à ses populations déjà démunies de mieux faire face à ce contexte sanitaire mondial inédit.
Si le confinement total ou partiel peine à passer en Afrique, ce n’est donc pas que les Africains n’aient pas encore pris la mesure de la gravité de ce virus et tueur invisible à l’œil nu, mais simplement parce qu’ils se retrouvent entre le marteau et l’enclume, entre deux dangers mortels : rester confiner et mourir de faim avec sa famille à la maison, ou alors braver le Coronavirus même au risque de se faire contaminer pour survivre. Pourtant, il faut bien qu’ils craignent les deux. Quel dilemme !
CNN