[Gabon]CORONAVIRUS : QUID DE LA SUSPENSION DU LOYER ?

Récemment annoncée par le président Ali Bongo Ondimba pour permettre à une catégorie des populations vulnérables de mieux faire face à cette période de confinement destiné à la lutte contre le Coronavirus, la mesure de suspension du paiement des loyers a bien du mal à être respectée par les bailleurs sur le terrain. 

Et cela malgré la mise en place éphémère d’un guichet d’enregistrement de ces derniers, qui crient aujourd’hui leur colère après que le ministre de l’Économie ait ordonné la fermeture de ce fameux guichet, les renvoyant à la poursuite des formalités sur Internet. C’est le premier couac dans la mise en œuvre de cette mesure, la plus difficile à faire passer. Surtout que la culture d’Internet n’est pas encore totalement intégrée dans notre culture. Sinon en pareille période, fallait-il compliquer ou faciliter les choses aux bailleurs qui, pour l’essentiel n’ont que les revenus de leurs loyers pour vivre ? À cette question, et comme pour rajouter à la confusion, certains collaborateurs du ministre de l’Économie avance que le recensement devrait se poursuivre même après le confinement. 

Mais la confusion entretenue participe globalement de l’échec d’un secteur qui échappe à toute réglementation et donc au contrôle de l’État au Gabon. Sinon, comment expliquer la défiance des bailleurs face à une mesure pourtant décidée par la première institution du pays, surtout au moment où la lutte contre le Coronavirus exige un élan de solidarité nationale ? 

A cette question, les bailleurs qui ne paient aucune taxe à l’État parce que rien ne les y obligent, arguent que le matériel de construction coûte extrêmement cher, sans compter toutes les difficultés liées à l’acquisition d’un terrain et tout le corolaire qui s’ensuit. Et que sans garanties suffisantes préalables, ils n’entendent pas se mettre au pas. 

Devant cette rebuffade ostentatoire, c’est l’État qui se retrouve lui-même pris au piège de son propre laxisme, ou plutôt de son incapacité à réguler un secteur aussi vital, favorisant ainsi l’informel le plus absolu, avec des loyers sans contrat de bail et parfois même sans reçu de paiement pour l’écrasante majorité d’entre eux. Non sans oublier des coûts vertigineux fixés au gré des humeurs des bailleurs, sans homologation établie par les services compétents. Voilà le vrai visage du secteur du loyer face à l’échec de la politique du logement dans un pays où même l’initiative de la direction générale de la concurrence et de la consommation est restée lettre morte jusqu’ici. Mais c’est aussi un échec imputable au manque de décision courageuse, la plupart des gouvernants étant eux-mêmes bailleurs, personne ne veut scier la branche sur laquelle il est assis. Un désordre entretenu et mis à nu par la lutte contre le Coronavirus. De quoi compliquer davantage l’équation des autorités dans la matérialisation de la mesure présidentielle en faveur des populations démunies. Lesquelles, en plus du stress du confinement, doivent aussi vivre avec la crainte permanente d’être mis dehors par leurs bailleurs intraitables. 

CNN

0 Reviews ( 0 out of 0 )

Write a Review

0 Reviews ( 0 out of 0 )

Write a Review

Articles Connexes

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *