[Gabon]Covid-19 et fermeture des commerces : les contradictions du gouvernement
Fermés le 12 avril dernier dans le cadre du confinement destiné à freiner la propagation du Covid-19, puis rouverts deux semaines plus tard pour éviter l’effondrement d’une économie au plus mal, les commerces non-alimentaires ont encore été invités à mettre la clé sous le paillassons. Le gouvernement, assommé par le nombre sans cesse croissant des malades du Coronavirus, craint une implosion de la situation épidémiologique.
Comment expliquer alors ces va-et-vient, ces contradictions du gouvernement qui semble dépassé par la tournure de la crise sanitaire imposée par le Coronavirus ? Les commerces non-alimentaires, c’est-à-dire, les quincailleries, les friperies, les magasins de vente d’appareils électroniques, les prêts-à-porter, pour ne citer que ceux-là, sont-ils les seuls foyers de contamination du virus ? Et s’ils l’étaient, ne le seraient-ils pas au même titre que les commerces alimentaires et autres marchés qui drainent beaucoup de monde, parfois sans respect des mesures barrières comme la distanciation physique ?
En décidant de ne fermer qu’une catégorie de commerces, n’y a-t-il pas là un traitement différencié et discriminatoire au détriment de certains opérateurs économiques qui tirent déjà le diable par la queue depuis près de deux mois ?
Ce questionnement est d’autant plus pertinent que le gouvernement lui-même, au nom du « réalisme », a opté pour la reprise de l’activité économique parce que n’ayant pas les moyens d’un confinement strict et prolongé. Et c’est dans ce sens que le Premier ministre, Julien Nkoghe Bekale avait d’ailleurs appelé les populations à apprendre à vivre avec le virus désormais. Un appel inspiré par la situation économique du pays dont tous les voyants sont désormais au rouge, avec des perspectives qui n’inspirent pas l’optimisme. Puisque les prévisions dévoilées jusque-là annoncent une chute vertigineuse de la croissance de près de 4 % l’année dernière à 0,2 % cette année.
En décidant de refermer une catégorie des commerces, le gouvernement semble donc ramer à contre-courant de cette décision de reprendre l’activité économique du pays puisque la propagation du Coronavirus ayant amorcé depuis sa phase de contaminations communautaire avec une généralisation désormais à travers, le pays n’est plus le seul fait des commerces alimentaires. Sauf à vouloir que cette fermeture de ces commerces devienne un goulot d’étranglement pour les nombreux commerçants vivant uniquement de leur activité. Et cela, alors même que l’aide sociale instaurée pour leur venir en aide montre des limites jusqu’ici décriées.
Mais cette faillite des opérateurs économiques et autres petits commerçants ne déteint pas que sur leur quotidien seul. Elle contribue à enfoncer davantage le clou pour une économie nationale dont les indicateurs ne présage rien de prometteurs. Ce qui, logiquement devrait mettre à l’arrêt de nombreux projets d’investissements de base. C’est une décision contraire au réalisme clamé par le chef du gouvernement ? Car à ce stade de la situation épidémiologie du Gabon qui enregistre plus de trois mille cas de contamination, avec un enlisement certain, l’efficacité de la lutte ne viendra pas des décisions discriminatoires qui creusent davantage les inégalités et exposent encore plus, les populations affamées au risque de contamination, alors que l’État, visiblement, n’est pas en mesure de les nourrir. Il faut alors relancer l’économie en rouvrant toutes les activités. Le tout sur fond du respect des mesures barrières, surtout que le virus, selon les experts, ne disparaîtra pas sitôt.
CNN