[Gabon]Décennie de la femme : À l’épreuve des défis.

Depuis la nomination, il y a quelques semaines, de Rose Christiane Ossouka Raponda, au poste de première ministre du Gabon, les éloges, les félicitations n’en finissent plus de pleuvoir pour louer cette marque de fabrique politique du président Ali Bongo Ondimba, qui matérialise là, sa promesse de rendre concrète, la décennie de la femme. Et avec une femme comme chef du gouvernement, c’est le dernier clou de cette promotion de la gent féminine dans un contexte marqué par de nombreux défis. 

Lutte contre le Coronavirus qui se métastase à travers le pays, bien que le gouvernement parle d’une tendance baissière discutable, chômage galopant, en juger par l’afflux des jeunes candidats aux derniers tests de recrutement dans la garde républicaine, front social en ébullition, marqué par des revendications multisectorielles des travailleurs, dialogue social infructueux, une économie dont les structures s’effondrent avec la lutte contre la Covid-19, etc. Bref, les chantiers du Gabon sont de taille et les ouvriers devraient aussi être choisis en fonction de leurs compétences. 

Surtout après l’échec du gouvernement précédent de Julien Nkoghe Bekale, qui, malgré deux déclarations de politique générale, n’aura réussi que le seul mérite d’un Premier ministre destructeur de la morale sociale, avec notamment la dépénalisation tour à tour de l’adultère et de l’homosexualité. 

C’est certainement dans ce sens qu’il faudrait comprendre le pouvoir discrétionnaire d’Ali Bongo, dont le choix s’est porté cette fois sur une femme comme chef du gouvernement. Ceci pour imprimer un nouveau dynamisme à la politique gouvernementale en matière de développement du pays. La stratégie vise aussi à concrétiser l’une des promesses du président, qui avait promis de rendre effective, la décennie de la femme gabonaise avant la fin de son deuxième mandat. 

Seulement, l’euphorie de cette nomination passée, avec un certain recul, la question est désormais de savoir si Ossouka était le bon choix. Ou a-t-elle simplement était propulsée au-devant de la scène pour répondre aux désidératas politiques de 2023, attendu que les femmes au parti démocratique gabonais (PDG) sont réputées pour leur mobilisation et leur fidélité. Et qu’une femme à la tête de l’administration ferait mieux l’affaire qu’un homme ? 

À y regarder de près, nombreux semblent mettre en avant le fait qu’un Premier ministre soit une femme comme phénomène politique inédit au Gabon, occultant ainsi la réalité de l’exercice même de la fonction et les moyens qui l’accompagnent. Sinon de quelles marges de manœuvre Ossouka va-t-elle disposer pour dévier la trajectoire d’échec empruntée par Nkoghe Bekale ?  De quelles ressources (financières surtout) devrait-elle disposer pour redémarrer les chantiers de développement à la traîne, régulariser les situations administratives des agents de l’État, qui en font un motif de grève et ouvrir les vannes du recrutement dans la fonction publique pour désengorger le chômage de masse qui pousse dans le pays comme une bombe à retardement devant les limites du secteur privé. 

Voilà une liste non-exhaustive des défis pendants sur le bureau de Rose Christiane Oussouka. Et c’est là qu’elle sera jugée comme femme de résultats et non de la décennie. Car la décennie de la femme n’aura de sens que si les femmes en profitent pour se démarquer de l’action des hommes, laquelle n’a pas jusqu’ici permis de sortir le pays de la logique du sur place. 

CNN

 

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