[Gabon]Déchu par le Kevazin -gogate : que reste-t-il DE Maganga Moussavou ?
Pour provocatrice qu’elle soit, la question a tout le sens d’être posée désormais, après l’éviction par Ali Bongo la semaine dernière, de l’ancien vice-président de la république, Pierre-Claver Maganga Moussavou. Surtout que son éviction intervient en plein cafouillage de l’affaire de la disparition au port d’Owendo, de 353 containers chargés du bois de Kevazingo.
Se demander alors ce qu’il reste de Maganga Moussavou, c’est en principe s’interroger sur l’avenir politique d’un vieil opposant qui n’a, en réalité jamais réussi à construire un dogme politique constant et consistant. Puisqu’opposant de circonstance, l’homme a toujours navigué entre le radical et le modéré, sans véritablement parvenir à peser sur la scène politique nationale. Et alors qu’il pensait avoir trouvé enfin le salut à la vice-présidence de la république, malgré ses 0 % à la présidentielle de 2016, le vieux routier, plusieurs fois roué est brutalement tombé de son piédestal le 21 mai dernier. Désormais délesté de son poste, que va devenir ou redevenir politiquement Pierre-Claver Maganga Moussavou ? Comment fera-t-il pour remonter la pente après une chute aussi haute et brutale ? Ça en est-il fini des Maganga ? Voilà les questions qui troublent certainement le sommeil de notre ancien vice-président, depuis qu’il a été évincé sans ménagement par le Raïs. Surtout que de l’autre côté, Jean Norbert Diramba, qui l’a remplacé à la tête de la mairie de Mouila, l’accuse, lui aussi d’avoir vendu à son compte les véhicules de la municipalité. Décidemment, le sort s’abat avec acharnement sur Maganga Moussavou, qui pour se dédouaner des accusations au sujet de l’affaire du Kevazingo, accuse Ali Bongo de le jeter à la rue après l’avoir couvert de salissures. Mais au-delà d’Ali Bongo lui-même, Maganga prend pour cible son cabinet. Lequel, a-t-il dit, dans un élan de nettoyage absolu de l’écurie, a décidé de se débarrasser de tous ceux qu’il considère comme dangereux pour le calendrier présidentiel de 2023. Et c’est dans cette logique que même certains ministres comme les Mapangou en paient le prix. Le prix des ambitions politiques inavoués des lobbys du palais. Et comble d’humiliation, ses collaborateurs restés en souffrance au bord de mer ont tous été congédiés lors du dernier Conseil des ministres. Manifestement, le Raïs, ou plutôt ses collabos ont voulu expurgé la vice-présidence de toute l’ombre de Pierre Claver, y compris même de tous les résidus de son passage là-bas.
La fin du triumvirat familial Mais maintenant que c’est désormais chose faite, l’homme connu pour son errance politique à la Ben Moubamba, ne sait plus où donner de la tête. Puisque même avant son entrée à la vice-présidence, il souffrait déjà d’un discrédit effarant dans le microcosme politique national. Une minorité politique confirmée d’ailleurs par le résultat des dernières législatives où son PSD, parti social-démocrate, vieux de plusieurs décennies, n’aura récolté que deux députés sur les 143 que compte l’Assemblée nationale. Mais surtout de la présidentielle de 2016 où il n’aura même pas dépassé la barre de 0 %. Un bien maigre résultat qui illustre fort bien la marginalisation d’une offre politique des plus instables. Au fond, le discrédit a atteint son comble, lorsqu’après avoir reconnu la victoire fortement contestée de Bongo en 2016, il a accepte le partage du pouvoir sur l’autel du dialogue d’Angondje, incluant dans la distribution des morceaux, le fils, Biendi Maganga Moussavou, qui par l’onction d’un patronyme sulfureux, hérite, comme bien d’autres fils à papa, du ministère de l’Agriculture. Et il semble qu’il n’y a désormais que lui pour sauver ce qui reste d’un triumvirat familial aux affaires, le pilier central étant dorénavant laissé sur le carreau, sali par le Kévazingogate.
CNN