[Gabon]Droits de l’homme: les avocats de Ndoundangoye mettent à nue les dérives de la justice.
Né le 21 août 1977 d’une famille modeste et titulaire d’une maîtrise en science de gestion, Justin Ndoundangoye alors député du 2e arrondissement de Franceville et Ministre du Transport et des Travaux Publics sortant, est actuellement en détention préventive. Ses avocats parlent de plusieurs violations du code de procédure pénale au Gabon. Ils viennent de finaliser leur appel et comptent bien le déposer dans les prochains jours auprès de la juridiction compétente nationale et internationale.
Le cas de l’ancien Ministre et Député Justin Ndoundangoye, est aussi paradoxale que cela puisse paraître similaire à celui de bien d’autres accusés de l’opération scorpion. On ne peut malheureusement vous donner une lecture de leurs noms respectifs, car la liste est, à ce jour, très longue et là n’est pas le but de ce compte-rendu.
Cela dit, comme les précédentes accusations qui ont fait la remarque auprès de qui de droit, l’accusation de Justin Ndoundangoye n’a pas été documenté, en plus de faire dire à ses avocats en l’occurrence Maître Ruphin NKOULOU ONDO, Maître Cédric MAGUISSET (tous les deux avocats au barreau du Gabon) et Maître Calvin JOB, avocat au barreau de Paris, que les droits de leur client les plus élémentaires n’ont pas été respectés.
C’est le cas, lorsque ce dernier a été débarqué d’un avion commercial alors qu’aucune convocation ne lui avait été délivrée et qu’il ne souffrait d’aucune interdiction de sortie du territoire à un moment où son immunité parlementaire n’avait pas encore été levée.
Sur un autre plan, les avocats de celui que de nombreux Gabonais appelaient affectueusement « Nkoulou la solution» évoquent un gèle arbitraire de ses avoirs bancaires. Et ce, depuis le mois de décembre 2019. C’est-à-dire bien avant la levée de son immunité parlementaire. « Les situation ci-avant évoquées constituent une violation grave de la présomption d’innocence », a indiqué Maître Cédric Maguisset, avocat au barreau du Gabon.
Et que dire de cette interpellation manu-militari de Justin Ndoundangoye par des agents armés à la sortie de son audition, à quelques encablures du siège provisoire de l’Assemblée nationale ?
En fait, selon les avocats de l’accusé, les forces de l’ordre tout comme les commis de justice ont multiplié pêle-mêle des erreurs, qui font dire à ces derniers que leur client est en face d’une arrestation arbitraire qui pourrait avoir des ramifications dans les milieux du pouvoir. « Il y a une main invisible dans cette affaire et nous vous donnerons plus de précisions à ce sujet plus tard », a lancé un des avocats.
Puis ils parlent de la durée de la détention à garde à vue de Justin Ndoundangoye qui a englobé deux semaines, au mépris des dispositions de l’article 56 du code de procédure pénale en république gabonaise qui prévoit un délai de 48 heures.
C’est dire que la procédure de placement de Justin Ndoundangoye est entachée de multiples violations des droits de la défense, qu’il faille prendre en compte dans la suite judiciaire de ce dossier. Car, au-delà de ceux qui sont jugés aujourd’hui, c’est toute la crédibilité du système judiciaire gabonais et sa capacité à garantir les droits de chacun qui seront scrutés par la communauté internationale. Pourtant, on sait que le Gabon se trouve dans une position où il ne peut se passer du soutien de cette même communauté internationale dans bien des domaines. Les finances notamment, souvent conditionnés par l’état des lieux des droits de l’homme.
Alain Michel Mbinah