[Gabon]Grogne des églises : vers une capitulation de l’Etat ?

Après la bravade de l’Église catholique qui a célébré sa messe dimanche 25 octobre dernier, passant outre les mises en garde du gouvernement qui avait fixé la réouverture des lieux de culte au 30 du même mois, les autorités semblent avoir pris la mesure de la détermination du clergé. Et pour éviter que cette rébellion ne serve de mauvais exemple aux autres congrégations ou composantes de la société, le président Ali Bongo a déjà instruit son équipe d’engager un dialogue les leaders religieux.
Après la rencontre lundi entre le président de la République, la première ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda et quelques-uns de ses ministres concernés par le dossier du déconfinement, rencontre au cours de laquelle il leur a demandé de discuter des modalités du protocole sanitaire avec les ministres du culte, on est désormais enclin de penser que la prochaine réouverture des églises et mosquées devrait connaître sans doute un allègement supplémentaire.
En réalité, la bravade dont a fait montre l’Église catholique dimanche dernier a semble-t-il été perçue comme un signe de détermination de l’Archevêque de Libreville, Jean Patrick Ibaba. Lequel, malgré la rencontre avec le ministre de l’Intérieur, a tenu à ouvrir les paroisses le 25 octobre. Et même si ces paroisses n’ont pas ouvert leurs portes en raison de la forte présence policière aux abords, le fait même que les fidèles aient répondu présent, en priant dans la rue, chapelets en main, en face des policiers (même si on peut concevoir que cette prière relevait plutôt de l’ostentation que d’une vraie dévotion pour Christ), en dit déjà long sur cette détermination qui a fini par installer un malaise dans la relation entre l’Église catholique et l’Etat gabonais.
Et c’est là tout le sens de cette démarche de dialogue que le gouvernement tente désormais d’amorcer, non pas seulement avec les catholiques, mais également avec les protestants, l’objectif étant d’éviter qu’aucune obédience ne soit lésée.
Aples s’être rendu compte qu’il s’était certainement trompé en prenant unilatéralement des mesures d’allègement a minima à l’endroit des mosquées et églises, avec lesquelles il avait pourtant travaillé à l’élaboration d’un protocole sanitaire contre le Coronavirus, le gouvernement semble se rétracter ingénieusement en privilégiant la voie du dialogue. Et on peut déjà imaginer qu’à l’issue de cette négociation, certaines restrictions pourront connaître un assouplissement, notamment sur la question du nombre des fidèles au départ limité à 30, sur la durée du culte fixée à une heure maximum ou encore sur la brûlante question du paiement électronique des dîmes et offrande. Vu comme telle, ce serait alors une capitulation. Mais une capitulation habillée pour éviter de perdre la face dans une situation, qui visiblement risque de dégénérer si l’on y prend garde.
CNN