[Gabon]Lutte contre l’enrichissement illicite : l’impossible mission de la commission 

Dans un genre de cérémonial déjà vécu, le gotha administratif s’est retrouvé lundi dernier autour de la commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite et la corruption pour le lancement d’une campagne de sensibilisation contre ce fléau qui obère sérieusement le développement du pays sur fond d’impunité réputée. Et cette croisade contre la corruption passe désormais par la déclaration des biens des responsables administratifs, en commençant par les membres du gouvernement. 

Voilà une tâche noble pour le nouveau président de la commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite et la corruption, Nestor Mbou, qui depuis son installation en mai dernier, s’active pour restaurer l’image d’une institution critiquée par de nombreux Gabonais comme  une coquille vide, inutile et peu efficace au regard des soupçons de corruption et de la rapidité avec laquelle, les gens s’enrichissent dans le pays, pour peu qu’ils soient nommées pour un petit temps à un poste de responsabilité. En décidant donc d’aller en guerre contre ce mal qui parasite le développement du pays, Nestor  Mbou essaie de limiter les dégâts causés par ce fléau. 

Un mal dénoncé d’ailleurs par le président Ali Bongo Ondimba lui-même dans son discours à la nation du 8 juin dernier, à l’occasion de la célébration des 10 années de la mort d’Omar Bongo  Ondimba. Car dans ce discours, le Chef de l’État gabonais s’offusquait de ce que tous les efforts consentis pour doter le pays des infrastructures au bénéfice des populations, étaient jusqu’ici annihilés par la gangrène de la corruption, de la gabegie financière de la classe politique dirigeante. 

Quoi donc de plus noble que d’aller traquer tous les délinquants financiers qui écument l’administration publique pour permettre que désormais l’argent prévu pour tel ou tel projet soit utilisé à cet effet. Et que les cadres administratifs qui se rendent coupables de détournements des deniers publics, soient traduits devant les tribunaux et punis avec toute la rigidité de la loi. Mais pour y arriver, une déclaration du patrimoine de ces derniers s’impose, comme cela se fait partout dans des pays sérieux. D’ailleurs pas loin de nous, en République démocratique du Congo, le Premier ministre, Sylvestre Ilunga l’a fait il y a tout juste deux mois, au lendemain de sa prise de fonctions. 

Les limites 

Seulement, si la déclaration des biens apparaît comme l’un des moyens pour venir à bout de l’enrichissement illicite et la corruption dans notre pays, elle se heurte néanmoins à des difficultés majeures, la commission n’ayant pas de moyens suffisants pour contrôler la traçabilité des biens à déclarer. Car que ce soit au moment de la prise de fonctions ou de la cessation de celles-ci, il est presque impossible pour l’heure de déterminer si les biens déclarés ont été acquis avec l’argent détourné ou pas. Pire, cette déclaration pourrait être biaisée avec une partie de biens dissimulée sans que la commission s’en aperçoive. 

À côté de cette difficulté, l’autre hic, c’est aussi la mentalité collective dans cette lutte contre la corruption, car on ne peut parler de corruption sans corrupteur et corrompu. Le combat s’annonce, là aussi corsé puisqu’il s’agit de mettre fin à une pratique ayant profondément pris racine dans nos habitudes, dans notre vie de tous les jours. Car devant une difficulté, un parent ayant de moyens  n’hésitera pas de payer pour que son enfant s’admette à un concours par exemple. Un parent lesinera pas de payer pour que son enfant obtienne un poste budgétaire. Des exemples comme ça, on pourra en citer des tonnes et des tonnes. Devant ces évidences, le problème reste un système judiciaire suffisamment fort et impitoyable, capable de sévir pour servir de leçon à tous les aventuriers.  

CNN 

     

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