[Gabon]Médias : la redevance audiovisuelle divise
Depuis sa mise en orbite par le « tout-puissant » ancien ministre de la communication de l’époque Alain Claude Bily Bi Nze, la redevance audiovisuelle perçue au départ comme une mesure dopante pour la corporation, est tout simplement devenue une pomme de discorde qui sucre d’abord ceux qui la collecte et ceux qui en sont chargés de sa répartition.
Le Synapap et le Syprocom ont tenu une assemblée générale ce mercredi dernier à la Maison George Rawiri en présence d’une minorité de journalistes. Et ce, malgré l’importance du sujet évoqué : les deux syndicats étaient venus entretenir les confrères de la redevance audiovisuelle qui tarde à faire des heureux parmi ses bénéficiaires quand des intermédiaires se sucrent d’elle chaque mois.
Conséquence : les membres de la corporation se disent désabusés par les manœuvres de la tutelle et de leurs directions respectives, dont les voix syndicales avisées indiquent être au cœur d’une gabegie sectorielle pleine d’injustice. On aura compris ce mercredi 02 octobre 2019, que le Syprocom et le Synapap entendent faire de la lumière sur la gestion scabreuse de la redevance audiovisuelle, qui a en principe été mise en place pour tirer vers le haut le rendement des journalistes et leurs productions.
Pour histoire, cette redevance, qui est directement récupérable sur les usagers des paraboles à hauteur de 500 Fcfa par mois, est d’abord collectée par Canal qui la reverse au niveau de la Caisse de Dépôt et de Consignation, avant que cette dernière ne l’affecte au Ministère de la Communication pour répartition.
Aujourd’hui, c’est cette étape de répartition qui fait défaut, car la manne provenant à cette redevance n’arrive pas dans les poches des journalistes principaux bénéficiaires. Donc, à ce jour, ils continuent d’exercer dans des conditions de travail précaire. « Combien de temps faut-il encore rester dans cette précarité » ? S’est interrogées Aminata Ondo, la bouillonnante présidente du Synapap visiblement déterminée d’en finir avec cette injustice sectorielle.
Pour le Synapap et le Syprocom, la redevance audiovisuelle est devenue une affaire du ministre de tutelle et de certains directeurs des médias publics, qui se la coule douce au détriment d’une aggravation des conditions de travail des journalistes.
À titre indicatif, les frais de production à Gabon Télévision ne sont pas payés aux producteurs de la télé depuis 7 ans et depuis 3 ans aux producteurs de la radio. « Nous vivons dans le mensonge, parce que ceux qui sont sensés transmettre la bonne information ne le font pas », s’est insurgée Aminata Ondo. D’autant que la précarisaleon de la profession à atteint son apogée. Radio Gabon traîne par exemple une dette de production d’environ 30 millions de Fcfa, alors que le récapitulatif des versements indique que cet argent est régulièrement reversé à la direction générale qui nie toute participation à la gestion scabreuse de cette manne. Alors, entre la tutelle et les directeurs qui ment à qui ? Et pourquoi tarde-t-on à faire de la lumière autour de cette gabegie organisée ?
Les deux syndicats à savoir le Syprocom et le Synapap, ont en clôture de cette AG annoncés le début d’une grève sans précédent qui pourrait paralyser les ondes radiotélévisées.
Alain Mbinah