[Gabon]Opération “Scorpion” : jusqu’où ira la justice ? 

C’est la question que tout le monde ou presque se pose désormais, alors qu’on assiste depuis quelques semaines, à une vague d’interpellations d’anciens hauts responsables administratifs, tous d’obédience ajevine, le fameux mouvement associatif des jeunes émergents volontaires et devenu l’ombre de lui-même. 

 

Contre la corruption et les détournements d’argent de l’Etat, le gouvernement ou disons, le pouvoir a décidé d’en faire son cheval de bataille. La première opération dénommée « Mamba » a conduit en prison, en 2017 d’anciens cadres de l’administration publique comme les ex-ministres, Etienne Ngoubou, Magloire Ngambia et l’ancien coordinateur du projet d’assainissement des bassins versants à Libreville, Blaise Wada. 

Sauf que le bilan reste jusqu’ici mitigé avec le seul NGambia en prison, les deux autres ayant été innocentés et libérés. À croire que Magloire Ngambia était jusque-là le seul voleur, alors que les soupçons de malversations financières étaient de plus en plus prégnants, les doutes en tous cas régnaient jusqu’ici.

C’est pourquoi, près de deux ans de temps mort, et même si certains subodorent d’autres motivations derrière cette vague d’interpellations et d’emprisonnements dans le cafouillage parfois des normes de procédures dénoncé par leurs avocats,  le pouvoir semble avoir  enfin ouvert les yeux pour punir avec sévérité tous ceux qui se sont rendu coupables, en à peine deux ans aux affaires, des détournements massifs qui ont fini par mettre en mal l’économie de tout un pays. 

Surtout avec de nombreux projets à l’arrêt, un chômage, toujours galopant, des mois ou des années de salaires d’honnêtes travailleurs impayés, des réductions des maigres salaires des pauvres fonctionnaires déjà bien en difficultés pour joindre les deux bouts dans un pays où le coût de la vie est l’un des plus élevés au monde. Tout cela au nom d’une récession économique apparemment aggravée par une horde des voleurs qui pillaient copieusement les caisses de l’Etat malgré d’énormes avantages dont ils bénéficiaient déjà du fait de leurs fonctions. 

Voilà le sens de l’égalité de chances prônée par le président Ali Bongo Ondimba. Sauf qu’avec le démantèlement de ce réseau supposé de voleurs organisé par l’AJEV, tout le monde se rend compte aujourd’hui à quel point cette égalité de chances n’est qu’un slogan dénué de sens. Car si les chiffres des dizaines de milliards détournés et publiés par le quotidien gouvernemental, l’Union étaient avérés, la principale question aujourd’hui reste celle de l’indépendance réelle de la justice. Aura-t-elle les coudées suffisamment franches pour faire face au trafic d’influence qui pourrait s’immiscer dans ce deuxième scandale géant ? La question est d’autant pertinente qu’elle remue tout de suite le souvenir récent des dossiers sans suite comme le “Kevazingogate” dont on ne sait plus ce que sont devenues les personnalités suspendues ou limogés de leurs fonctions. Attention donc au feu de paille !

CNN 

 

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