[Gabon]Pizolub : le tribalisme accentué par une crise.
Depuis quelques semaines, à la Société Pizo de formulation de lubrifiants (Pizolub) la tension est vive à cause de trois mois d’impayés de salaire. Si les facteurs sont clairement identifiés et que les négociations sont en cour pour un retour à la normale, dans cette entreprise où les “anongoma” semblent être malvenus, la crise financière a accentué le tribalisme. Guy-Christian Mavioga en paie les frais.
À la Société nationale de formulation de lubrifiants (Pizolub), la situation pourrait revenir à la normale. Après le préavis de grève de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), des négociations ont été entamées avec la direction générale avec à la clé, l’identification de trois causes expliquant les trois mois d’impayés de salaires et plus globalement la crise au sein de cette entreprise. Notamment, la saisie des comptes liée à une dette de 2017, la baisse des activités à cause de la crise sanitaire que traverse le pays, et le manque de soutien de l’État qui, en plus d’être la puissance publique, est l’actionnaire majoritaire de Pizolub avec un peu plus de 52 % des parts. Mais aussi, une dette de 9 milliards de FCFA datant d’une dizaine d’années.
À côté de ces éléments essentiellement financiers, s’ajoute des relents tribalistes. Sur un territoire gangrené par quelques clivages ethniques, l’actuel directeur général en paie les frais. À Port-Gentil, où se situe le siège social de Pizolub et la plupart des grandes entreprises pétrolières, voir un “Anongoma” (non-originaire de Port-Gentil), à la tête d’une de ces entreprises n’est pas souvent apprécié surtout, quand son prédécesseur a été un natif de la région. Ayant remplacé à la tête de Pizolub un natif de Port-Gentil, Guy-Christian Mavioga est pour ainsi dire, la cible de ceux qui entretiennent ces tensions purement tribalistes. Bien qu’ayant réussi à se faire accepter par la plupart des agents, la crise actuelle a attisé les relents tribalistes au point où, le débat a été repris par certains hommes politiques tapis dans l’ombre œuvrant pour le départ de l’anongoma. Pour y arriver, ils ne ménagent aucun effort.
Guy-Christian Mavioga, font savoir certaines indiscrétions, a pour ainsi dire, été victime aussi bien à son domicile de Port-Gentil qu’à son bureau, des pratiques fétichistes qui viseraient à le contraindre de renoncer au poste de directeur général de Pizolub. Amulettes, corbeaux morts, pagnes noirs, dépôt de serpents attachés avec des cordes rouge et noir, et bien plus ont été déposés dans son environnement immédiat. « C’est bien dommage », vestimentaire certains observateurs qui rappellent qu’en avril 2019 une campagne avait été lancée dans la ville pétrolière pour dire non au tribalisme. Aujourd’hui elle ne semble plus n’être que de l’ordre du souvenir tant la pratique perdure. « Les habitudes ont la peau dure », dit-on, mais pour ces observateurs de la vie publique et politique de Port-Gentil, « le problème ne doit pas être traité entre anongoma, car au-delà de tout, aucun Gabonais n’est étranger sur le territoire national ».
C’est à juste titre qu’ils le disent d’autant plus que bien qu’étant anongoma et ayant trouvé une entreprise en faillite, Mavioga a tant bien que mal, œuvré pour redorer le blason de Pizolub et faire participer l’entreprise à la matérialisation du Gabon industriel. En clair depuis son arrivée et malgré les tensions financières, Pizolub a obtenu la certification des 58 produits consommables à travers le monde et certifiés par un géant des lubrifiants : Chevron Oronite ; l’entreprise a obtenu des agréments CEMAC et ZLECAF donnant accès au marché international ; 4 000 tonnes d’huile de base en provenance de la principale raffinerie du Portugal ; la mise à niveau du laboratoire de lubrifiants pour la garantie d’un produit de qualité ; le renforcement des capacités des employés par des formations ou encore le maintien des emplois qui reste d’ailleurs une préoccupation constante. Des résultats qui devraient être soutenus pour relancer l’entreprise de façon optimale, mais qui aujourd’hui sont biaisés par la guerre contre le DG parce qu’étant anongoma.
Dans tous les cas, les promesses du gouvernement depuis sa nomination sont toujours attendues. « Pourquoi ralentir l’effort des compatriotes qui veulent mettre en musique la vision d’Alice Bongo ?» S’interroge-t-on.
La rédaction