Acculé par sa propre gabegie financière, ajoutée à cela la crise économique qui secoue le pays depuis bientôt cinq ans, le gouvernement qui ne sait plus où donner de la tête, vient de trouver une autre parade, un nouveau recensement des agents de l’Etat. Le deuxième du genre, en seulement un an, après celui organisé l’année dernière par l’ancien ministre de la Fonction publique, Ali Akbar   Onanga Y’Obegue.

« Un recensement de trop »,  dénoncent  les syndicats qui fustigent le manque de transparence dans la publication des résultats  précédentes opérations.  Depuis 2010, le pays a, de fait organisé pas moins de trois recensements des agents publics. Des recensements restés jusqu’ici lettre morte, notamment dans la communication des résultats.

 Et en dépit de cette suite de recensements sans lendemain, la masse salariale de l’État, elle continue de grimper par le fait, entre autres, des fonctionnaires fictifs, ceux-là même dont les postes budgétaires ont été octroyés par leurs parents bien placés, souvent sans qualification aucune, sans niveau scolaire pour ne pas dire intellectuel.

À côté de ces fonctionnaires fabriqués et invisibles, il existe une autre catégorie, celle des agents recrutés dans les normes parce que titulaires d’un diplôme. Mais qui, du fait de l’absence justement de tout contrôle, se la coulent douce des années durant à la maison, après avoir abandonné le chemin du travail. Ils ne justifient leur statut de fonctionnaires qu’en accourant chaque fin de mois devant les guichets de banque pour y percevoir fièrement leur salaire. Et Dieu seul sait combien ils sont réellement dans ce pays. 

Tout cela au détriment des autres fonctionnaires qui triment chaque jour pour répondre présent au travail, avec un traitement de misère, ne vivant plus que des carnets de bons chez les épiciers du quartier.  Car le maigre salaire de fonctionnaire ne couvre plus, ne serait-ce que la moitié des besoins. 

Et si le gouvernement pouvait multiplier ce genre d’opération de manière ponctuelle, en y mettant un peu de sérieux, il lui serait sans doute très facile de réduire le nombre des fonctionnaires fictifs ou inutiles, ceux-là qui volent l’État à ne rien faire. Mais un État où la corruption reste très active à tous les niveaux, il faut craindre que les secrétaires généraux, les directeurs centraux des ressources humaines, les directeurs d’administrations, les chefs de service, soient influencés par l’argent qui pourrait leur être proposé, ou simplement par la peur d’être attaqué par ces fonctionnaires véreux, qui n’attendent que pareil moment pour faire leur retour en cascade dans les différents services, qu’ils ont pourtant désertés depuis belle lurette, juste pour la circonstance.

 Et le rôle de ces différents responsables est à ce point capital, qu’ils devront être poursuivis pour toute complaisance. Car c’est à eux, et eux seuls que revient l’échec ou le succès de cette opération de vérification du fichier solde, que la masse salariale constitue aujourd’hui, un véritable goulot d’étranglement pour le pays. 

CNN