[Gabon]Réconciliation nationale: La mission impossible du CAPPE
Devant un climat sociopolitique encore marqué par les clivages de la présidentielle de 2016, le Congrès des agents publics, parapublics et privés de l’Etat (CAPPE) a décidé de jouer les médiateurs en rencontrant, depuis plusieurs semaines à Libreville, les acteurs politiques et ceux de la société civile. Objectif, asseoir tout le monde à la table des négociations en vue de la réconciliation nationale.
Une idée apparemment partagée depuis quelque temps par une large majorité d’acteurs sociaux-politiques. Car pour eux, trois ans après la dernière élection présidentielle qui a failli emporter le pays dans l’inconnu, il y a toujours comme une sorte de rancœur certes étouffée, une survivance des violences de 2016. Mais qui semble jouer encore en sourdine, rendant de plus en plus morose un climat social déjà exacerbé par les récentes mesures d’ajustements budgétaires, notamment avec leurs effets de chômage de masses et des revendications des syndicats.
Une situation qui, naturellement génère des grèves multifactorielles, dont la plupart portent sur des arriérés de salaires énormes. Ajouté à cela, la question de la vacance du pouvoir réclamée par l’opposition et certains mouvements de la société civile comme Dynamique unitaire et l’Appel à agir qui restent très mobilisés sur le front judiciaire, pour exiger une expertise médicale sur l’état de santé réelle du président Ali Bongo Ondimba, qui, selon eux, n’est plus capable de diriger le pays depuis son accident vasculaire cérébral l’année dernière. Tout cela conjugué ne contribue qu’à alourdir un climat de plus en plus chargé de suspicions, de méfiance et d’animosité. Il faut donc que les gens se parlent.
Parties inconciliables
Seulement, alors que ces consultations se poursuivent dans la capitale gabonaise, il apparaît clairement, deux positions presque inconciliables entrent d’un côté, une opposition qui pose comme préalables embarrassants pour le pouvoir, la dissolution des institutions en place ; et de l’autre, une majorité indifférente à l’idée même d’un nouveau dialogue, après celui d’Angondje en 2017. Une majorité dont la seule réponse qui vaille est que la présidentielle de 2016 étant désormais bien loin derrière, il faut plutôt regarder vers l’avenir.
Pourtant, avec cette fuite en avant continuelle, et les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faut craindre le remake de 2016 en 2023. Surtout si la classe politique s’entête à aller à la présidentielle dans un climat aussi tendu. D’autant que l’élection présidentielle est devenue, dans notre pays, une véritable source d’inquiétudes pour les populations, avec son lot de violences. Et Jean Ping, l’un des principaux protagonistes de cette crise, se réclamant toujours le vrai président du Gabon, l’a encore confirmé le 17 août dernier, avec son discours à la Nation parallèle.
Que comprendre donc ? Dans le fond, si une large majorité d’acteurs s’accorde sur la nécessité d’aller à un dialogue inclusif dans un souci de réconciliation nationale, du moins en apparence, sa faisabilité reste complexe, voire impossible au regard du confort assumé des positions des uns et des autres.
CNN