[Gabon]Sanctions au PDG : la dictature de la discipline
Pour avoir voté contre l’autorisation de l’homosexualité par rapport à ses valeurs de la famille, une vingtaine de Députés et Sénateurs s’est vue récemment remonter les bretelles par la commission de discipline du parti démocratique gabonais. Laquelle, en guise de blâmes, leur reproche leur démarche dissidente, visant à ébranler la cohésion du parti au parlement.
Finies les notions de dialogue, tolérance et paix, qui constituaient jadis, la philosophie même du parti crée par Omar Bongo Ondimba en 1968. Depuis quelques années, le PDG positionné sur les rails de la régénération et de la revitalisation, a choisi le règne de la discipline, une discipline jugée trop rigide à tel point que certains l’assimilent même à une sorte de dictature voilée, car ne tolérant aucune voix dissidente, y compris même les prises de position sur des questions relevant pourtant de la morale de la société comme l’homosexualité que le pays vient d’adopter à la lumière des valeurs occidentales.
Pour avoir refusé de voter une loi contraire à leur valeur, des Députés et Sénateurs, pour la plupart d’anciens hauts cadres, se sont vus rappeler à l’ordre d’une pensée monolithique au sein d’un parti dont la dénomination renvoie pourtant à la promotion de la démocratie. Les anciens ministres, Idriss Ngari, Guy Bertrand Mapangou, Regis Immongault, Blaise Louembe, même le Premier vice-président du Sénat, Léonard Andjembe, pour ne citer que ceux-là, l’ont appris à leurs dépens pour s’être opposés à ce texte favorisant les relations sexuelles entre personnes de même sexe.
Avec cette sanction collective des parlementaires qui n’ont fait que jouer leur rôle, le parti démocratique gabonais, vient de démontrer encore, une fois de plus, son infantilisation manifeste de la fonction de parlementaires, réduits au rang de simples exécutants des lignes du parti, même au mépris des intérêts des populations qu’ils sont censés représenter. Ce qui ramène le débat parlementaire à sa plus simple expression. Tout cela au nom d’une discipline aux relents arbitraires.
CNN