[Gabon]Session ordinaire du CND : la messe de survie

Marquant la rentrée solennelle de l’institution pour cette année 2020, la première session ordinaire du Conseil national de la Démocratie (CND), ouverte le 25 février, s’est refermée le 3 mars dernier. Un conclave consacré entre autres à l’examen du projet de loi relatif à sa réforme et aux modalités de financement des partis politiques légalement constitués.

 

Le hic, c’est que malgré la multiplication de toutes ces trouvailles pompeuses, rassemblant l’essentiel du gotha politique national, les carences du CND restent insolubles. Puisque l’institution ressuscitée en 2015 par Ali Bongo Ondimba après des années d’hibernation pour résoudre les crises politiques résiduelles, souffre et porte en elle-même les germes de ses propres maladies, lorsque par un vice de forme savamment entretenu, son président est nommé par décret du président de la République, tandis que les autres membres du bureau, eux sont choisis par leurs pairs en session plénière. 

Et comme pour rajouter à cette confusion qui entache déjà sa neutralité, le Conseil National de la Démocratie a cessé d’être une institution pour devenir désormais une autorité administrative indépendante et autonome. Une autorité administrative contrôlée par qui, et dans quel intérêt ? D’institution à autorité administrative, qu’est-ce qui change réellement dans le pouvoir dévolu à cet organe dont les avis n’ont qu’une portée consultative, c’est-à-dire non-contraignants ?   

Une institution inutile 

Au fond, en dépit de la cinquantaine des partis politiques qui le composent, et dont certains n’existent que de nom, le CND reste fragilisé par un manque de pouvoir réel. Manque de pouvoir aggravé par une crise financière aiguë qui annihile ses efforts de fonctionnement dans l’arbitrage des conflits politiques ayant cours dans le pays. Le problème au demeurant n’est pas de faire du CND, une institution ou autorité administrative. Mais plutôt de lui donner le statut qui corresponde à la mission pour laquelle il a été créé ou exhumé. 

Mais comment donner plus de pouvoir à un conglomérat de partis politiques dans un pays disposant déjà d’une assemblée nationale, lieu par excellence du débat et de la représentation politique ? Comment donner plus de pouvoir au conseil national de la démocratie dans un pays disposant déjà d’une médiature de la république et d’une Cour constitutionnelle, qui règlent déjà les différends politiques nés pour l’essentiel du contentieux électoral ? 

Où doit commencer et s’arrêter son pouvoir ? Quel type de dialogue doit-il assurer ? Comment peut-il agir sans heurter les frontières de l’Assemblée nationale, de la Cour constitutionnelle ou de la  Médiature de la république ? Voilà la réflexion qui aurait dû prévaloir à la conception du projet de création ou d’exhumation du conseil national de la démocratie que certains considèrent à tort ou raison comme une institution inutile. 

CNN 

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