Gabon/Vie chère : a-t-on besoin d’assises ?

 Gabon/Vie chère : a-t-on besoin d’assises ?
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Comme annoncé, les assises provinciales de lutte contre la vie chère ont été simultanément lancées jeudi 30 mars 2023 dans toutes les 9 provinces du Gabon. Ces messes budgétivores qui préludent les grandes assises nationales du 7 au 10 avril prochain, devraient permettre de trouver des solutions efficaces à la vie chère qui accable le quotidien des Gabonais.

Alimentation, logement, construction, transports, santé, éducation, etc. Tous ces thèmes, qui seront débattus lors de ces assises, absorbent au moins 80 % des revenus des Gabonais modestes, d’après les chiffres officiels. Le gap est abyssal. Surtout quand on tient compte de la modicité des salaires dans un pays où le coût de la vie flambe de jour en jour, faisant même de Libreville, la 2e ville la plus chère d’Afrique pour les expatriés, selon le classement dressé en 2022 par le cabinet Mercer. En 2020, la capitale gabonaise occupait pourtant la 5e place. Une tendance exponentielle qui inquiète désormais, tant tout semble flamber partout à travers le pays, au point que les Gabonais sont comme pris dans un goulot d’étranglement dans un Gabon devenu manifestement invivable.

Des problèmes connus de tous

Les causes d’une telle envolée des prix sont multiples. En matière d’alimentation, le Gabon qui importe l’essentiel de ses besoins alimentaires du fait de l’absence d’une politique agricole viable, subit gravement les effets de la spéculation des commerçants véreux faute de contrôles efficaces sur le terrain.

Les différentes mercuriales imaginées jusqu’ici par le gouvernement n’ont rien changé. Surtout dans un système de para-fiscalité accrue. Une pratique qui accule des opérateurs économiques excédés et qui le font répercuter à leur tour sur les consommateurs.

En matière de santé, la défaillance des équipements techniques dans les hôpitaux publics a favorisé l’essor des cliniques privées où les examens et autres prestations sanitaires sont hors de portée pour de nombreux patients démunis ou ayant des revenus modestes.

En éducation, la dilution de l’enseignement public, confronté à de nombreux problèmes tels que l’insuffisance des capacités d’accueil, le manque de débouchés, pour ne citer que ceux-là, a favorisé le développement des établissements privés avec toutes les dérives observées. Des structures agissant parfois à leur guise avec des coûts exorbitants. Et le délaissement de l’école publique est devenu tel que pour de nombreux parents, envoyer leurs enfants dans ces établissements serait une condamnation à l’échec et au chômage.

Autant de maux qui finissent par asphyxier le quotidien des populations sous l’expression de la “vie chère”.

Pour autant, a-t-on besoin d’assises pour s’attaquer à ces problèmes qui accablent le panier de la ménagère ?

Qu’a-t-on fait des états généraux de l’éducation par exemple ?

Faudra-t-il à chaque problème, organiser des messes dispendieuses pour y trouver des solutions, quand les problèmes sont connus de tous ? A-t-on besoin d’assises pour construire en nombre suffisant des logements sociaux, afin de tordre le cou au diktat des bailleurs qui fixent le loyer comme bon leur semble ? A-t-on besoin d’assises pour construire des routes praticables, permettre la fluidité de la circulation des marchandises pour empêcher la spéculation des prix des matériaux de construction à l’intérieur du pays ? À l’évidence, ces assises sur la vie chère apparaissent comme une diversion de plus pour le gouvernement. Lequel, plutôt que de s’attaquer au fond du problème, préfère des rencontres pompeuses pour des résultats à la fin mitigés. Il faut donc espérer que cette fois, les résolutions issues de cette grand-messe ne soient pas rangées dans les tiroirs des oubliettes, mais servent véritablement de boussole pour régler définitivement le problème de la vie chère au Gabon.

 

 

CNN

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