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Éléphants : des clôtures électriques mobiles pour apaiser le conflit homme-faune dans le Nord-Est gabonais

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Les pachydermes de la TRIDOM ne connaissent pas les frontières administratives ; leurs migrations se heurtent de plus en plus aux champs de manioc et de bananiers. Entre 2016 et 2023, plus de 13 000 villageois gabonais ont vu leurs récoltes détruite, parfois au péril de leur vie, tandis que cent éléphants ont été abattus en représailles. Face à cette escalade, deux ONG gabonaises, Conservation Justice et SCOOPS – ELABE, viennent de boucler, avec l’appui de partenaires internationaux, une vaste mission de terrain dans les provinces du Woleu-Ntem et de l’Ogooué-Ivindo.

Du 11 mai au 22 juin, une équipe pluridisciplinaire a sillonné la périphérie des parcs nationaux de Minkébé, Mwagna et Ivindo — cœur gabonais du paysage transfrontalier TRIDOM (Tri-nationale Dja-Odzala-Minkébé). Objectifs : localiser les points chauds du conflit homme-faune, cartographier les couloirs d’intrusion et sensibiliser les communautés rurales.

Les conclusions ont été restituées lors de deux ateliers, le 18 juin à Oyem et le 20 juin à Makokou, en présence du ministère des Eaux et Forêts, de Space for Giants, des autorités locales et des préfets Brice Moussirou (Woleu-Ntem) et Pachelli Ngawin Mboulou (Ogooué-Ivindo).

« Nous avons identifié des zones où les éléphants, mais aussi les hérissons, les porc-épics et les singes pénètrent presque quotidiennement dans les cultures. La proximité des aires protégées et l’expansion agricole non planifiée aggravent la situation », explique le Dr Steeve Ngama, directeur scientifique de SCOOPS-ELABE.

Parmi les solutions présentées, les Clôtures Électriques Mobiles (CEM) retenaient l’attention. Importées et déployées par l’ONG britannique Space for Giants, ces barrières légères et alimentées par panneaux solaires forment un périmètre dissuasif autour des champs. Hans Ekorezock Ndong, chargé de programme chez Space for Giants Gabon, estime qu’un hectare protégé par CEM voit les incursions d’éléphants chuter de « 70 % en moyenne dès la première saison agricole ».

Le gouvernement, via un projet d’arrêté créant des brigades d’atténuation du conflit homme-faune, promet de faciliter l’acquisition de ces clôtures et de former des équipes locales d’intervention rapide.

Le plan d’action présenté prévoit aussi :

un renforcement de la surveillance (patrouilles mixtes villageois-Eaux et Forêts) ; des campagnes d’éducation sur le comportement des éléphants (comment éviter les pistes de migration, sécuriser les greniers, alerter sans violence) ; la collecte systématique de données pour alimenter la future Stratégie nationale de gestion du conflit homme-faune (finalisée en 2024 mais toujours en attente d’adoption).

« Informer sauve des vies », martèle Dr Ngama. « Un éléphant est un herbivore strict ; comprendre ses habitudes suffit souvent à prévenir la tragédie. »

À l’heure où Libreville discute encore de la validation officielle de la stratégie nationale, les cultivateurs de la Ngounié attendent des solutions concrètes. Les bailleurs UK International Development via la Zoological Society of London et l’Union européenne dans le cadre de NaturAfrica maintiennent leur soutien financier, mais appellent à une coordination renforcée entre institutions, ONG et communautés.

En attendant, les premières clôtures sont hissées, section par section, au rythme des saisons. Si elles prouvent leur efficacité, c’est tout un pan du vivre-ensemble entre homme et faune qui pourrait être réinventé dans le Nord-Est gabonais

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