Antananarivo, 17 octobre 2025. Trois jours seulement après la prise de pouvoir de son unité militaire, le colonel Michaël Randrianirina a été officiellement investi président de la République de Madagascar. La cérémonie d’investiture, tenue à la Haute Cour constitutionnelle dans la capitale Antananarivo, a réuni plusieurs ambassadeurs étrangers, notamment de France, des États-Unis, d’Allemagne, du Royaume-Uni, ainsi que des représentants de la Chine, de la Russie et de la Corée du Sud un signe que la communauté internationale observe de près cette nouvelle page de l’histoire politique malgache.
Âgé de 51 ans, le colonel Randrianirina, chef du CAPSAT une unité de l’armée malgache à l’origine de la mutinerie du week-end dernier, a prêté serment dans un climat mêlant gravité et espoir. « Le jour d’aujourd’hui marque un tournant historique pour notre pays », a-t-il déclaré lors de la cérémonie, évoquant la volonté de restaurer la stabilité nationale après plusieurs semaines de tensions politiques et sociales.
L’investiture du colonel intervient après la destitution par l’Assemblée nationale de l’ancien président Andry Rajoelina, qui a fui à l’étranger à la suite de trois semaines de manifestations antigouvernementales. Ces événements, marqués par une forte mobilisation populaire et un ralliement d’une partie de l’armée, ont profondément bouleversé l’équilibre institutionnel du pays.
S’il réfute le terme de « coup d’État », le nouveau chef de l’État cherche à donner un cadre légal à son accession au pouvoir. En deux ans, celui qui fut un temps arrêté pour « soupçon de tentative de putsch » est passé du statut de militaire controversé à celui d’homme fort de la nation, incarnant pour certains Malgaches l’espoir d’un renouveau, pour d’autres l’incertitude d’une transition militaire.
Les observateurs notent que cette prise de fonction s’inscrit dans un contexte politique fragile, où la stabilité institutionnelle et la légitimité du pouvoir demeurent des enjeux centraux. La présence de diplomates étrangers à la cérémonie peut être interprétée comme un signe d’ouverture ou, du moins, de pragmatisme diplomatique à l’égard du nouvel exécutif.
Pour beaucoup de citoyens, l’heure est désormais à l’attente : celle de voir si le colonel Randrianirina saura traduire ses promesses d’ordre et de réconciliation en actes concrets. Dans un pays souvent ébranlé par des alternances brutales, cette nouvelle étape apparaît à la fois comme un défi et une opportunité pour refonder la confiance entre les institutions, l’armée et le peuple malgache.
Justin Madoungou
