Le 30 août 2023, beaucoup de Gabonais avaient vu dans le changement politique intervenu ce jour-là une libération et l’opportunité de tourner la page d’un système jugé verrouillé. La transition qui s’était ouverte, ponctuée par un dialogue national, un référendum et l’élection présidentielle, nourrissait l’espoir d’un nouvel élan démocratique.
Pourtant, à l’occasion du scrutin qui devait marquer la fin de cette période de transition, l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima dresse un constat préoccupant : selon lui, les pratiques dénoncées par le passé refont surface, au point de faire craindre un « retour à la case départ ».
Dans une déclaration, il met en lumière plusieurs dérives observées : la composition des bureaux de vote largement dominés par le parti du Président de la République, la gestion contestée des procurations, l’absence de scrutateurs pour de nombreux partis engagés dans la compétition, la présence persistante de noms de personnes décédées sur les listes électorales, ainsi que le recours à des électeurs « transhumants », déplacés massivement vers des circonscriptions où ils n’ont aucune attache.
Pour Ndong Sima, ces irrégularités révèlent une continuité avec l’ancien système que la transition était censée corriger. Et il avertit : « Une victoire construite sur du mensonge est une victoire qui ne présage rien de bon. » Derrière ces mots se profile une inquiétude plus large, celle de voir s’éroder à nouveau la confiance citoyenne, pourtant indispensable à la consolidation d’un ordre démocratique stable et crédible.
À travers ce message, l’ancien chef du gouvernement rappelle qu’au-delà des changements institutionnels, la véritable rupture attendue par la population réside dans la transparence, l’équité et la sincérité des scrutins. Sans cela, la promesse de renouveau politique pourrait se transformer en désillusion, laissant les citoyens avec le sentiment amer d’un cycle inachevé.
Justin Mbatchi
