Bruxelles et Washington sont entrés ce lundi 24 novembre 2025 dans une nouvelle phase de négociations délicates autour de la régulation des géants numériques. Lors d’une réunion des ministres du commerce de l’Union européenne, la délégation américaine a insisté pour que les règles européennes jugées “agressives” à l’égard des grandes technologies américaines soient révisées, en échange d’un accord sur l’acier et le commerce transatlantique. Le ton a été ferme : les États-Unis veulent un cadre plus équilibré pour leurs entreprises, tandis que l’Europe entend préserver son autonomie numérique et sa souveraineté.
Au cœur des discussions figure la proposition américaine de contre-parties : un allègement ciblé des droits de douane sur l’acier européen, en échange d’un assouplissement des normes imposées aux entreprises “Big Tech” américaines telles que les plateformes de réseaux sociaux et de cloud computing. Selon un haut diplomate européen cité sous anonymat, « nous ne négocierons pas notre indépendance numérique contre de simples concessions sur l’acier ».
Pour l’Union européenne, les règles adoptées ces dernières années visent à encadrer l’usage des données, la concurrence, la protection des utilisateurs et l’impact sociétal des grandes plateformes. L’UE estime qu’un examen approfondi est nécessaire avant de faire évoluer ces normes. Le commissaire européen au numérique, lors d’une prise de parole à Bruxelles, a rappelé que « la souveraineté technologique de l’Europe ne peut pas être sacrifiée pour des intérêts commerciaux à court terme ».
De l’autre côté de l’Atlantique, l’administration américaine voit dans cette approche un frein à l’innovation et à la compétitivité de ses entreprises dans le marché mondial. La délégation américaine a souligné que les entreprises américaines contribuent massivement à l’emploi, à l’investissement et à l’infrastructure numérique en Europe, et qu’un cadre “équitable” favoriserait davantage la croissance des deux côtés.
Pour le Gabon et l’Afrique francophone, ce dossier n’est pas anodin. Le continent observe de près l’évolution des règles numériques européennes et américaines, car elles structurent déjà des investissements, des partenariats technologiques et des flux de données qui affectent plusieurs pays africains. Un accord transatlantique pourrait redessiner les opportunités en matière de cloud, plateforme de services, startup et régulation des données.
En conclusion, cette évolution diplomatique montre que le numérique est désormais un terrain de rivalité mondiale tout autant qu’un champ de coopération. Le dilemme est clair : soit l’Europe accepte de modérer ses exigences en échange d’avantages industriels américains, soit elle renforce son modèle souverain et prend le risque de l’isolement technologique. Le Gabon, en tant que pays en quête d’une infrastructure numérique avancée, devra surveiller les retombées de ces négociations, car elles pourraient déterminer les contours de l’écosystème numérique africain pour les années à venir.













